Malip s’emballe pour le retournement

"Quatre mois pour boucler l’affaire». Le vivier de potentiels repreneurs rêve de délais aussi serrés pour une transmission. Mais Jérôme Barrier fait figure d’exception. Formé sur les bancs d’HEC, il est très vite attiré par l’industrie. Fort d’une carrière chez Citroën puis chez Heuliez, il devient dans les années 90 le directeur du développement économique pour le compte de la SAEM du Conseil général de Vendée. Un poste qu’il quittera pour prendre la direction générale de la CCI Grand Lille. Evincé en février 2012, il décide de se consacrer pleinement à une reprise d’entreprise, une envie de longue date. «C’était le moment pour moi. Je sentais que j’avais la force, l’énergie et l’expérience pour me lancer», se souvient-il. Il rencontre alors une quarantaine de personnes : avocat, experts-comptables, banquiers, cabinets spécialisés et autres acteurs de la transmission d’entreprise dans « un marché plutôt bien organisé » sur la place lilloise. Et définit son cahier des charges : « une société industrielle du Nord-Pas-de-Calais, comprenant une cinquantaine de salariés et rentable ». Dans un premier temps, il met de côté le dossier Malip, à la santé trop fragile. Puis rencontre finalement son dirigeant, en passe de prendre sa retraite et travaille sur d’autres hypothèses de reprise. Mais le temps file et Jérôme Barrier s’est fixé jusqu’à mars 2013 pour trouver. « une contrainte de temps qui était à la fois une vraie motivation ».

Négociations rapides

Conseillé par le cabinet Pansard et Associés, il se lance alors dans « le retournement d’entreprise » avec la reprise de Malip (7,1 M€ de CA). En d’autres termes : faire d’une entreprise fragile, une réussite. Et « me démontrer qu’il est possible de faire de l’industrie en France ». Mi-décembre, la transmission est actée, facilitée « par la transparence du cédant ». Cette rapidité de négociation, Jérôme Barrier l’attribue à l’entente et aux liens noués avec le cédant mais aussi par des valeurs communes. « Même si des changements vont s’opérer, je ne suis pas venu pour casser ou tout désorganiser », précise t-il. Il est d’ailleurs prévu que le passage de témoin se déroule jusqu’à fin mai grâce à un accompagnement ponctuel de l’ancien dirigeant, qui reste actionnaire minoritaire. Bien que spécialiste des Pme, Jérôme Barrier reconnaît cependant avoir eu quelques difficultés, notamment pour boucler son tour de table, « malgré une garantie d’Oséo ». Aujourd’hui, il s’est rapproché du Réseau Entreprendre, pour en quelque sorte « valider son projet de reprise et rencontrer du monde ». Et gère trois emplois du temps : « celui de repreneur, de gérant au quotidien et de décideur stratégique pour assurer le retournement ». Avec 51 salariés dont deux récemment recrutés en production, Malip vise un CA de 7,2 M€. Son nouveau patron dit rester prudent quant à son évolution : « j’espère atteindre 7,7 M€ à l’horizon 2015 mais je m’attache surtout à la marge», tempère t-il. Convaincu du potentiel de Malip, il ambitionne de décrocher de gros donneurs d’ordres et de miser sur de nouvelles innovations. Tout en optimisant son process industriel et en relançant l’activité commerciale J.D.