3 questions à Olivier Hollander : « Il faut que la cacophonie gouvernementale cesse »
Comment se porte la profession ?
Mal ! Les défaillances progressent, si jose dire. Dans la région, on en a compté 179 en 2012, contre 140 en 2011. Lindicateur référent - le volume de tonnes transportées au kilomètre, a reculé de 8% lannée dernière, ce qui est énorme. Les véhicules peuvent voyager à charge partielle un temps, mais ça se répercute vite sur le chiffre daffaires. Le secteur des transports est le reflet de léconomie et aujourdhui dune industrie qui souffre. Il doit aussi sadapter aux exigences croissantes de la distribution et des consommateurs Qui ne veulent pas de camions sur les routes ! De plus en plus de supermarchés ouvrent le dimanche, ce qui va supposer de les livrer tous les jours, mais en quantité moins importantes. Il va falloir une meilleure acceptabilité des citoyens vis à vis du transport routier. On na rien sans rien.
On a vu des opérations escargots, quest ce qui cristallise les mécontentements ?
Ils se cumulent. Avec la réduction du marché, les prix baissent, pour parfois être à la limite de la perte, et on assiste à une concurrence déloyale de plus en plus effrénée, notamment des pays émergents. De gens qui ne respectent pas la réglementation du travail. Elle existe et il faut quelle soit respectée, par tous ! Or on na aucune capacité à contrôler les gens qui travaillent illégalement. Ils sont tellement nombreux, cest comme de vouloir vérifier lalcoolémie de tous les gens qui sortent le samedi soir. Il ne faut pas se bercer dillusions, il ny a pas assez de contrôleurs non plus. Et si on ne sait pas faire respecter la loi, il faut agir autrement. Le protectionnisme est un gros mot en France, mais il ny a pas à rougir à protéger son outil de travail. Donc oui, les entreprises souffrent, surtout les Pme en bout de chaîne de sous-traitance.
Quid de lécotaxe ?
Nous ne rejetons pas le fondement de la loi, mais de nombreux points sont encore à définir. On naurait peut-être pas dû accepter dêtre collecteurs dun impôt que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir répercuter. Certains clients nous disent déjà quil est hors de question de voir leur facture augmenter. Le risque est que les transporteurs baissent leurs tarifs pour intégrer cette taxe dans la facture. Ce qui revient à la prendre à leur charge. Sur la TICPE, le plancher de la taxe a été réduit après lélection présidentielle, mais une fois les bilans réalisés, nous avons appris quil avait doublé et que cétait rétroactif. On vous demande de gérer un budget en bon père de famille mais on vous apprend en année N +1 que vos charges ont doublé. Les entreprises ne vont pas aller réclamer ces sommes à leurs clients. Pour une grosse entreprise de la région, ca représente 350 K, ce nest pas négligeable. Et cest sans mentionner les revirements sur les crédits dimpôts sur les camions hybrides. On annonce 5 000 par véhicule, un chef dentreprise investit 25 000 et finalement il apprend que le crédit est redescendu à 2 000 par camion. Sans faire de politique, il faut que la cacophonie gouvernementale cesse et que les violons soient accordés entre les ministères. Tout cumulé, ça commence à peser, surtout dans une conjoncture difficile.
* TICPE : taxe intérieure de consommation sur les produits énergétique (ex TIPP)
Propos recueillis par Marie Raimbault
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