Terminal méthanier : quelles retombées pour l'économie régionale ?

On les verra de loin, les trois immenses réservoirs de gaz sur le site du Clipon. C'est là où, en 2015, entrera en service l'imposant terminal méthanier de Dunkerque. Le président de la République est venu en personne (photo) apporter la bonne nouvelle début mai, en présence d'Henri Proglio, patron d'EDF, maître d'ouvrage principal du projet, après une si longue phase d'atermoiements que beaucoup pensaient le dossier perdu. L'équipement va apporter à EDF une sécurisation de sa ressource en gaz naturel liquéfié, pour mieux répondre à ses clients finaux en offre bi-énergie électricité et gaz, et lui permettra d'optimiser l'approvisionnement de ses centrales électriques. Il s'agit aussi pour la France de conforter son indépendance énergétique. Le groupe Total a confirmé sa participation au projet pour 10% dans la filiale d'EDF Dunkerque LNG, qui devrait également s'ouvrir à d'autres partenaires. Total assure également qu'il contribuera pour plus de 10% à l'approvisionnement de la plateforme.

Et le territoire ?

Pour l'économie régionale, l'impact direct sera fort pendant le chantier, prévu de 2012 à 2015 : au plus fort, 1850 personnes oeuvreront à l'édification de ce temple gazier. La CCI Côte d'Opale mobilise déjà les Pme pour leur permettre de se positionner sur les futurs appels d'offres. L'effectif tournera autour de 250 salariés en rythme de croisière : 75 pour l'exploitation directe de l'équipement, le reste dans les professions portuaires. Déjà l'aide à la reconversion des travailleurs du chantier est envisagée, sous la double égide de la maison de l'emploi et Dunkerque Promotion.

Au-delà ? Le port de Dunkerque y trouvera bien sûr un relais utile, après la perte des trafics de la Raffinerie des Flandres. Les projections évoquent 80 méthaniers par an, soit une progression attendue du trafic portuaire de 7% d'ici à 2015.

Le terminal, qui consacre aussi le rôle de Dunkerque comme capitale énergétique de niveau européen – que pourrait encore renforcer des projets d'éolien offshore- pourrait aussi susciter l'émergence d'une vraie filière de récupération du froid (frigories). Un important travail associant communauté urbaine de Dunkerque, université du Littoral et une dizaine d'entreprises a permis de mettre sur pied le programme Innocold, qui s'affiche comme un centre de recherche et une plateforme technologique dans ce domaine. Une initiative complétée par celle de Dunkerque Promotion qui veut monter un réseau de froid au profit d'entreprises locales.

Michel Delebarre, président de la communauté urbaine de Dunkerque, a indiqué toute sa satisfaction de l'annonce de l'investissement, qui vient " confirmer la vocation industrielle et énergétique durable du territoire dunkerquois ". Mais qui ne compense pas les pertes d'emplois de la raffinerie de Total, souligne-t-il, rejoint sur ce point par le président du conseil régional Daniel Percheron. Mais Christophe de Margerie, Pdg de Total présent lors de l'annonce présidentielle, l'assure : " Avec Total Développement en région, nous trouverons 500 emplois dans tous les secteurs. Nous tiendrons nos engagements ".Nul doute que le géant pétrolier sera observé de près.

Le futur terminal en chiffres

Capacité : 20% du potentiel actuel de la France en gaz d'importation
13 Mds de m3 de gaz regazéifié
80 navires méthaniers/an
Trois réservoirs de stockage de 190.000 m3 chacun
Investissement : 1 Md€ pour Dunkerque LNG, 130 M€ pour le Port, 300 M€ pour GRT Gaz (canalisations)
Emploi : 1850 pendant le chantier, 250 à terme
Mise en service prévisionnelle : fin 2015