Ouvrez votre capital !

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L'ouverture du capital vise d'abord... à lever des fonds. Car les prêts bancaires ne peuvent pas tout. " On ne peut pas tout réaliser en dette. Le banquier fait des avances sur recettes, pas des paris sur l'avenir ", analyse Christophe Deldycke, dirigeant de Nord Capital Investissement, émanation du Crédit Agricole Nord de France. Dès lors, il faut savoir entr'ouvrir sa porte et le faire au bon moment. " Dès l'instant où on atteint certains montants, il y a un risque financier et il est légitime qu'il y ait prise de participation dans l'entreprise ". La levée de fonds propres pour renforcer son haut de bilan entraîne mécaniquement un effet de levier, en permettant de remobiliser de la dette classique auprès de banquiers, rassurés par la venue de spécialistes du private equity et par l'amélioration des ratios financiers.

Croissance et acquisition

La circonstance la plus classique de l'ouverture du capital est l'accompagnement de la croissance. Un dirigeant qui envisage une expansion forte ira nécessairement plus vite avec des fonds propres confortés que sur ses bases, même bonnes. Alors que sur son tempo normal, le dirigeant peut envisager disposer par exemple d''1 M€ de fonds propres dans trois ans, les obtenir immédiatement peut ouvrir de nouveaux horizons et éviter de rater des opportunités. Nombre de Pme ouvrent ainsi leur capital en vue de croissance externe. Mais le dispositif peut aussi être utilisé pour sortir d'une transmission délicate avec mésentente familial. (...)

CINQ CONSEILS POUR RÉUSSIR SON OPÉRATION

Se faire accompagner par un vrai professionnel
Etre capable de dégager le temps nécessaire
Préparer les conditions d'entrée mais aussi de sortie
Choisir l'investisseur en fonction de vos besoins financiers et vos attentes. Et ne pas hésiter à interroger d'autres dirigeants accompagnés par les investisseurs pressentis.
Eviter de trop ouvrir son capital en phase de création et préférer cette solution en phase d'expansion

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Valorisation et choix de l'investisseur

(...) Comment valoriser son entreprise ? Les intérêts de l'investisseur et du dirigeant ne sont pas les mêmes. " Il ne faut pas hésiter à passer par un professionnel dont c'est le métier. Si vous arrivez avec une " valo " déraisonnable, vous aurez de toute façon du mal à trouver. Mais ce qui compte le plus, c'est d'avoir le " fit " avec l'investisseur ", considère Bruno Motte, directeur du fonds régional d'investissement Re-Sources, qui fédère une trentaine d'entrepreneurs, avec une logique de parrainage.

Pour bien choisir son investisseur, plusieurs critères doivent être considérés: le montant à lever, d'abord, certains tickets étant plus adaptés à certains opérateurs. Jusqu'à récemment, les grosses opérations échappaient souvent à la région. " Un Parisien ne doit plus faire un deal en région si celui-ci n'a pas d'abord été refusé localement. Un chef d'entreprise qui cherche 20 M€ peut les trouver ici", assure Christophe Deldycke, de Nord Capital Investissement. Il faut aussi identifier si l'on recherche seulement des liquidités, que des fonds " ISF " pourront apporter sans être présent dans la vie de l'entreprise, ou un vrai partenariat pour les décisions stratégiques. Le choix d'un investisseur bon connaisseur de son métier est aussi un critère utile.


Cinq raisons d'ouvrir son tour de table

Vous créez un effet levier avec vos fonds propres sur la dette bancaire
Vous valorisez votre entreprise
Vous bénéficiez d'un regard extérieur
Vous projetez votre entreprise à moyen terme
Vous augmentez la visibilité et la légitimité de votre entreprise

 

Gouvernance

L'entrepreneur peut s'inquiéter d'être dépossédé de son bien. " Les dirigeants ne perdent pas vraiment leur indépendance. Nous n'avons pas vocation à prendre le pouvoir. Ils conservent la maîtrise ", répond Philippe Traisnel, de CMC-CIC Capital Finance, qui intervient de manière minoritaire, mais sur des montants importants et sur un horizon de 5 à 7 ans. " Mais nous n'avons pas forcément l'oeil rivé sur le reporting trimestriel, nous intervenons plutôt dans la durée ", poursuit-il.

Autre outil intéressant : les obligations convertibles. Elles permettent de lever des fonds propres sans prise de participation directe. " C'est un outil qui permet d'adapter la ventilation future du capital au souhait du dirigeant, commente Thierry Dujardin, directeur général adjoint de l'IRD et DG de Croissance Nord-Pas-de-Calais. " C'est aussi un élément amortisseur de la valorisation de l'entreprise ". En clair, la conversion tout ou partielle en action dépend de la survenue d'éléments comme la non réalisation du business plan, ce qui module la valeur de l'entreprise.

Finorpa, a de son côté développé depuis des années des prêts participatifs -comme Oséo-, considérés comme de quasi fonds propres, mais qui laissent le contrôle au dirigeant. " C'est remboursable. On n'accède jamais au capital par ce moyen, souligne Jean-Marie Duvivier, président du GIE Finorpa. On l'utilise beaucoup dans le cadre d'activités traditionnelles, sur des marchés insuffisamment rentables pour justifier une intervention en fonds propres ". L'outil peut aussi être un moyen de se jauger avant de passer à une autre phase. " Cela peut faire office de fiançailles avant les épousailles ", s'amuse Jean-Marie Duvivier.

Trois questions à Thierry Landron, dirigeant de Terre des Lys (produits traiteur, 145 salariés, CA de 16,5 M€)

Vous avez procédé à deux levées de fonds depuis la reprise de la société en 2004. Pourquoi ?

Lorsque j'ai repris l'entreprise, elle était en difficulté. J'ai été très vite limité par les banques et les assurances crédit. J'étais presque obligé de payer " au cul du camion ". J'avais l'option d'ouvrir à un partenaire industriel, mais qui a voulu la majorité. Je me suis tourné vers le capital-développement avec Nord Création, qui a valorisé l'entreprise non à l'instant T, mais sur ses perspectives. La levée de fonds vous oblige à vous projeter sur 3 à 5 ans. Ecrire ce que vous allez faire, c'est important. Mon business plan prévoyait un doublement du chiffre d'affaires en trois ans, ce qui a été réalisé. Cela a permis aussi de renforcer notre pool bancaire. Notre seule banque était le Crédit Agricole, nous avons pu faire intervenir le Crédit du Nord, pour faire face à la forte saisonnalité de notre marché à l'époque.

Pourquoi une seconde opération?

Nous sommes arrivés à notre point d'équilibre en 2007. Mais j'ai prévu un nouveau doublement de chiffre d'affaires en trois ans, avec un gros investissement de 4,5 M€ pour tripler notre usine. Ce qui impliquait un cash flow négatif et exigeait de renforcer les fonds propres. Nord Création a fait un vendu-acheté avec Croissance Nord Pas de Calais, avec apport d'obligations convertibles et mon épouse et moi avons suivi l'augmentation de capital, pour éviter d'être dilués. Il faut être un peu " couillu " pour éviter de perdre la main.

Quel conseil donneriez-vous à un dirigeant qui s'interroge sur l'ouverture de son capital?

D'abord d'envisager plusieurs hypothèses: un plan A optimiste, un plan B présenté aux partenaires financiers et un plan C au cas où ça ne va pas. Avec mon épouse nous avons toujours pensé qu'il fallait garder au moins 70 à 75% de contrôle, au cas où des difficultés obligeraient à faire appel au marché. Nous pourrions alors le faire tout en conservant 51%.
Ensuite, il faut bien choisir son investisseur. Je ne serais pas allé sur des fonds parisiens qui vous bouclent sur le pacte d'actionnaires avec une rentabilité de court terme qui vous met la pression. J'ai préféré un fonds régional à vision entrepreneuriale.

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