Réforme territoriale : un bricolage tre?s mal accueilli
Une fois n'est pas coutume, Franc?ois Hollande a re?ussi a? cre?er un quasi consensus : l'opposition est presque unanime contre sa re?forme territoriale. Sans concertation, assis non pas sur un grand de?bat public mais sur des arbitrages politiques et une apre?s-midi de de?coupage aux ciseaux, elle ne pouvait gue?re susciter l'adhe?sion. Surtout quand par un amateurisme surre?aliste pour une re?forme si importante, le pre?sident de la Re?publique envoie une premie?re tribune aux journaux mentionnant : « Je propose de ramener leur nombre (celui des re?gions, ndlr) de 22 a? XXX ».
Le chiffre final sera de 14, et le Nord-Pas-de-Calais demeure dans ses frontie?res apre?s avoir failli rejoindre non seulement la Picardie mais aussi la Normandie. Un e?change te?le?phonique entre Franc?ois Hollande et Daniel Percheron dans l'apre?s-midi juste avant la diffusion de la carte aura e?te? de?cisif. Avec un argument politique massue : compte tenu du vote des Picards, la pre?sidence de la future grande re?gion Nord-Picardie pouvait e?tre emporte?e par Marine Le Pen. En revanche, les de?partements ont vocation a? disparai?tre, ou plus exactement a? e?tre « de?vitalise?s », leurs compe?tences e?tant progressivement siphonne?es par les Re?gions. Un projet qui fait hurler les conseils ge?ne?raux, et que re?cuse la Re?gion. « Comment e?tre une grande re?gion sans les de?partements ?», s'interroge son pre?sident. Dans le Pas-de-Calais, Dominique Dupilet de?missionne, me?me si officiellement, il ne lie pas cette de?cision a? la re?forme. Son homologue Patrick Kanner a perdu sa jovialite? habituelle. Lors d'une se?ance ad hoc, la collectivite? a adopte? a? l'unanimite? une motion tre?s vigoureuse, stipulant que « les de?partements sont condamne?s a? mort avant d'e?tre juge?s » et menac?ant l'Etat de « suspendre les collaborations en cours sur les sujets ou? la contribution du de?partement est mise en cause ».
« Puissance ide?ologique de Bercy »
Le proble?me n'est pas que territorial : Bercy cherche dans cette me?tamorphose 11 milliards d'e?conomies, alors que les collectivite?s sont de?ja? en tension financie?re tre?s vive. Aussi les e?lus re?gionaux sont-ils tre?s inquiets. « La puissance ide?ologique de Bercy devient une menace pour le fonctionnement de la de?mocratie territoriale dans notre pays », pointe Patrick Kanner. Michel-Franc?ois Delannoy, vice-pre?sident PS de la Re?gion, revendique lui aussi des moyens en face des nouvelles compe?tences (a? commencer par les routes et les colle?ges). « Il faut garantir aux collectivite?s, par des ressources dynamiques, l'autonomie financie?re », lance-t-il, rappelant l'autonomie fiscale tre?s faible (moins de 10%) de la collectivite?. Le vrai de?bat sera ne?cessairement celui-la?.
Olivier Ducuing
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