Microalgues : Roquette nourrit des desseins mondiaux
Roquette n'aime pas communiquer. Mais quand le géant des dérivés de l'amidon s'y résoud, c'est pour de bonnes raisons : au terme de dix années de R & D, de croissance externe, de pilotes, de projets, d'essais, et 40 brevets déposés au passage avec le soutien constant d'Oseo devenu BPIFrance, le groupe familial frappe fort. Il vient de mettre en service sur son site de Lestrem une unité de production de microalgues, capable de fabriquer 5000 tonnes par an de farines de chlorelle, l'espèce choisie, pour ses nombreuses vertus nutritionnelles. Trois souches ont été sélectionnées : l'une hyperprotéique, l'autre riche en lipides, la dernière offrant un ingrédient complet. Si ces organismes monocellulaires sont invisibles à l'oeil nu, l'installation est bien industrielle pour les produire en très grande quantité. Appareils photos interdits, nous sommes dans le saint des saints du process. Tout commence par une salle quasi blanche, où les cryotubes de semences conservées à -80° sont placées dans un tout premier fermenteur de quelques litres. Un dédale de tuyaux en acier inoxydable truffés de capteurs, de filtres, de traitement thermique et de systèmes de contrôle amène le précieux liquide dans des fermenteurs de plus en plus gros au fil des jours avant la phase de séchage en douceur (pendant une semaine), puis la récolte. Quinze jours de process pour passer d'un gramme à 30 tonnes via 1000 générations d'algues.
L'investissement est tenu secret, « quelques dizaines de millions d'euros», les ambitions de chiffre d'affaires aussi. Mais le pari semble déjà en bonne voie : l'accueil des clients, les leaders de l'agroalimentaire mondial, est déjà excellent. L'opérabilité industrielle des farines est très grande (grâce également à leur couleur jaune pour deux d'entre elles), leur potentiel nutritionnel, l'absence de gluten et d'allergène, et leur qualité gustative permettent aujourd'hui à Roquette de nourrir... de grands desseins. D'autant que l'entreprise allemande BPS, acquise en 2008, devenue Roquette Klötze, dispose d'un pipeline de 8 microalgues prêtes à s'ajouter à la première vague. Déjà une souche d'algues riche en DHA devrait être produite à Lestrem en 2015 et « la gamme devrait s'élargir rapidement pour répondre aux demandes du marché », indique le dossier de presse.
Le potentiel économique semble énorme, mais les données chiffrées sont inexistantes car le marché est à inventer. « Nous sommes pionniers, nous allons créer ce marché », expose Sergio Neves, directeur du département micro algues. Ces dernières devraient se retrouver demain dans les pâtisseries, les plats cuisinés, les sauces, les soupes, les compléments alimentaires mais aussi dans l'aquaculture pour nourrir les alevins avec des protéines d'origine végétale
O.D.
Ces articles peuvent également vous intéresser :
Réforme territoriale : un bricolage tre?s mal accueilli
Le maillage territorial va connai?tre une profonde me?tamorphose. La de?vitalisation programme?e des de?partements au profit d'hyperre?gions aux contours parfois improbables et de grandes me?tropoles e?meut nos e?lus locaux.
Trois questions à Samia Buisine, commissaire au redressement productif : 2900 emplois ont e?te? pre?serve?s sur 3900
La repre?sentante d'Arnaud Montebourg en re?gion apparai?t dans de nombreux dossiers de sauvetages industriels. Eco 121 l'a rencontre?e, quelques mois apre?s son arrive?e.
Dalle réussit la greffe de Cousin Biotech
Wervicq.Le groupe d'implants textiles entre a? son tour dans le giron de la holding Dalle & Associe?s
Ferroviaire : un Chinois pour re?aiguiller Valdunes
Trith-Saint-Le?ger. L'acquisition du spe?cialiste des essieux et roues ferroviaires par MA Steel lui donne une technologie de haut vol mais dessine aussi de nouvelles perspectives commerciales.
Neu s'offre un temple du traitement de l'air
La Chapelle d'Armentières. Le groupe d'aéraulique a investi 4,5 M dans un showroom unique en Europe dans son expertise : les flux d'air.