"Plus d'organisation permettra d'éviter de miter le territoire"

Où en est la structuration régionale de la filière logistique ?
Du point de vue de la gouvernance, les choses avancent et plutôt dans le bon sens. Avec la réforme des chambres de commerce (passées de 13 à 4 territoriales et une régionale), la Région est devenue concédante des ports de Calais et Boulogne, elle participe au financement et au développement du port de Dunkerque, est concédante de l'aéroport de Lesquin et actionnaire principal de la plate-forme de Dourges. Entre autres, elle gère le TER, participe aux grandes infrastructures fluviales – à titre d'exemple, elle va mettre 220 millions d'euros dans le financement du canal Seine Nord Europe – et pourrait devenir demain, dans le cadre de la décentralisation des ports intérieurs, concédante du grand ensemble des ports du Nord-Pas-de-Calais. On peut donc penser qu'à horizon moyen, plus de complémentarité, plus d'organisation permettront d'éviter de miter le territoire.
Le projet de DCB International de 200 000 m2 d'entrepôts logistiques à Calais entre le port et le tunnel sous la Manche peut-il favoriser l'attractivité régionale ?
Tout ce qui concourt à faire que les différents sites soient complémentaires et remplissent leur fonction, et si ceci correspond à une demande, est une bonne chose. Sur l'investissement dont vous parlez, c'est une entreprise privée qui organise elle-même sa logistique. Elle peut donc apporter de l'emploi, et de l'activité. Il faut que chaque pôle sur son territoire puisse être facilement identifié et identifiable et serve le territoire des autres. Plutôt que de dire "les plates-formes sont concurrentes", il s'agit d'avoir une vision plus régionale qui permette d'identifier la région Nord-Pas-de-Calais comme "la" plate-forme logistique nord-européenne.
Le transport routier capte plus de 80% des flux, les modes alternatifs pourront-ils infléchir cette prédominance ?
Le routier va continuer sa progression parce que la demande est de plus en plus forte, tirée par les achats par Internet, la mondialisation... Ce mode effectivement restera le plus souple, le plus efficace, parce qu'il va jusque chez le client, transporte du lourd, du froid, etc. Mais il faut éviter qu'il ne soit plus dominant qu'il n'est. Le but des transports combinés est d'absorber l'augmentation du trafic routier. Ils auront demain plus d'importance parce que le Grenelle de l'environnement va obliger les entreprises à y recourir, que l'Europe s'en préoccupe et va taxer les modes de transport en fonction de leur impact écologique – c'est l'internalisation des coûts externes. Par obligation et règlementation, les transports alternatifs vont donc mécaniquement évoluer dans les années qui viennent.