La Voix du Nord se colore en vert

Le projet était à l'étude depuis des mois, mais le secret était bien gardé. La caisse du Crédit Agricole Nord de France entre au tour de table de Voix du Nord Investissement, en prenant une position forte dans la holding de tête : 25% aujourd'hui, potentiellement jusqu'à 35% dans les cinq ans.

L'opération passe par la cession de titres Rossel à la banque verte. Aude Jacques-Ruettard, petite-fille de l'ancien "papivore" Robert Hersant, actionnaire à 20% de Voix du Nord SA, reste - pour l'heure - au capital alors qu'on la disait partante.

Rossel, premier groupe de presse belge (3.000 salariés, des titres prestigieux comme Le Soir ou L'Echo) garde une très large majorité à bord de l'ensemble de presse nordiste, fort de ses cinq quotidiens, 15 hebdos, 22 sites web, plusieurs sociétés de communication, marketing et affichage et sa télé Weo. Soit un ensemble de 1.500 salariés dont un tiers de journalistes, pour un chiffre d'affaires de 236 M€ en 2010 (+14%, avec l'élargissement du périmètre au Courrier Picard et à G & B Affichage). Un ensemble en bonne santé avec un bénéfice d'exploitation de l'ordre de 10% et un résultat courant de 5%, une belle performance dans l'univers de la presse écrite.

Multicanal

La banque verte, qui était déjà le principal partenaire financier de la Voix du Nord, souligne les synergies que cette "alliance stratégique" va générer. Des "actions communes" doivent ainsi être mises en place "particulièrement dans le domaine des activités numériques et du multicanal". Autre exemple : les écrans d'accueil dans les agences bancaires pourraient diffuser des infos locales produites par le groupe VDN. Plus largement, il s'agit aussi de préparer de concert la mutation des médias vers le numérique. L'hypothèse d'une diversification de la Voix vers la radio, évoquée dans nos colonnes par Jacques Hardoin, directeur général (Eco 121 n°6 de novembre 2010), pourrait aussi être facilitée par ce nouveau partenariat.

Ce rapprochement entre la première banque régionale dirigée par le très actif Alain Diéval et un groupe de presse en situation de quasi monopole n'est pas sans inquiéter nombre d'observateurs, notamment financiers. La puissance de feu des deux acteurs majeurs de l'économie régionale n'est pas une menace pour l'indépendance du titre, veut rassurer Jacques Hardoin, son directeur général. "Jamais un groupe comme Rossel n'aurait signé sans une garantie de parfait respect de l'indépendance", souligne-t-il à Eco121.