Les frères Letartre ancrent Anios dans la région

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Le 31 mai dernier, tout a failli basculer. « On a été convoqués au quai d'Orsay», s'amusent Bertrand et Thierry Letartre. C'est sur cette célèbre artère que se situe le siège d'Air Liquide, principal actionnaire de leur entreprise Anios. Les deux arrières-petits-fils du fondateur en 1898, y apprennent avec stupeur le projet de cession des 66% que le groupe du Cac 40 détient à leur côté. La fin de 17 ans de compagnonnage chez le leader français de la désinfection médicale, basé à Hellemmes. D'un coup, la perspective d'une vente à un grand concurrent étranger ou à un fonds d'investissement se dessine, et les menaces afférentes sur le maintien à terme de l'entreprise en région. Les deux frères décident alors rapidement une contre-proposition : c'est eux-mêmes, adossés à Ardian, nouveau nom d'Axa Private Equity, qui vont reprendre la participation d'Air Liquide. Il faudra seulement six mois pour boucler l'opération, qui sera conclue dans les prochaines semaines, un véritable record de vitesse pour une entreprise que les observateurs valorisent à près de 350 millions d'euros. Une nouvelle vie débute donc pour Anios, dont l'annonce par les dirigeants a été applaudie à tout rompre par les salariés.

 

Objectif 50% à l'export

 

Bertrand et Thierry, représentants de la quatrième génération, détiendront désormais 51% et pourront pleinement reprendre en main la stratégie. « Enfin on va pouvoir s'éclater un peu », lâche avec un sourire Thierry. En vue : un retour à la croissance externe, au ralenti ces dernières années, réaffirmée comme un enjeu central. Et un coup d'accélérateur à l'international, les deux pouvant d'ailleurs se conjuguer. Le champion de la désinfection médicale et professionnelle réalise déjà 30% de son chiffre d'affaires à l'export, une part que les dirigeants veulent porter à 50%, tandis que la croissance organique attendue devrait permettre de doubler l'activité en cinq à sept ans. Côté acquisition, des cibles sont déjà en vue au Brésil, en Chine, en Inde voire en France, en complément de gamme. Pourquoi prendre ce risque important, à respectivement 61 (Thierry) et 64 ans (Bertrand), dans le climat tendu des affaires en France ? « C'est toujours quand ça va mal qu'il faut investir », répond Thierry, porteur du gène familial de l'entrepreneuriat. Jean-Pierre, l'un de ses trois autres frères et sœur est lui devenu le président d'EY France. Il faut dire que comme Obélix, ils sont « tombés dans la cuve » petits. Si c'est l'arrière grand-père Fernand Collet-Deleval, ingénieur chimiste, qui a fondé l'affaire, à partir d'un produit de désinfection pour les brasseries, remplaçant le chlore et le formol, leur grand mère a poursuivi puis leur mère. « L'affaire a envahi la maison de ma grand-mère. A un moment, il n'y avait plus de jardin !» raconte Bertrand. Mais l'entreprise est encore modeste dans les années 70, avec une dizaine de salariés, quand Bertrand et Thierry y entrent. « Le patron du grand concurrent d'alors, Paragerm, qui était nordiste, nous a dit : vous n'y arriverez jamais ! Ils n'existent plus», relèvent les dirigeants. Depuis lors, la société a pris un essor considérable, passant d'1,5 M€ de ventes en 1982 à 190 M€ en 2013 dans 80 pays, avec deux sites de production en France, trois à l'étranger, 450 salariés. Et un investissement de 10 M€ en cours pour accroître la plateforme logistique de Sainghin-en-Mélantois (10 000 m2). Et sûrement d'autres à venir sur ce site, pour asseoir la croissance attendue. Un effet vertueux du capitalisme familial .

 

"On avait une trésorerie confortable, on aura des dettes. Mais en même temps, il y a un sac à dos qui a disparu, je me sens plus libre"  Bertrand Letartre

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