Interview : François et Bruno Deprez

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Votre entreprise, née en 1830, est l'une des plus anciennes de France, toujours familiale. Quel est votre parcours ?

 

FD. Je suis entré dans l'entreprise en 1983, mon cousin Bruno en 1993, nous représentons la cinquième génération. L'une des particularités de l'entreprise est qu'il n'y a jamais eu plus de deux actionnaires familiaux au cours de son histoire. Nous avons une responsabilité vis-à- vis des générations antérieures. Néanmoins, ce qui compte, c’est l’avenir de l'entreprise plus que celui de la famille Desprez. En 1983, Florimond Desprez réalisait 8 M€ de CA, nous en sommes aujourd'hui à 230 M€, mais le métier est resté le même : la création de variétés végétales, l'amélioration des plantes, la sélection.

 

Pourquoi cette croissance si forte ?

 

BD. Nous avons été amenés à suivre la concentration du secteur qui était encore très atomisé il y a 20 ans. Pour saisir les perspectives offertes par les avancées scientifiques, il a fallu accroître très fortement les dépenses de recherche, et il faut continuer pour acquérir les meilleurs outils.

 

FD. Un moment essentiel de notre histoire a été en 2005 l'acquisition de SESVanderHave, un concurrent deux fois plus gros que nous en termes de chiffre d’affaires. Nous disposions de réserves et d’une capacité d’endettement et nous avons pu monter un LBO, ce qui a été très vertueux pour l'entreprise. Aujourd'hui, nous avons remboursé la dette et de nouvelles croissances externes s’avèrent possibles. Nous sommes prêts à étudier des opportunités d’acquisition, mais toujours dans nos métiers.

 

Vos grands concurrents sont des géants mondiaux comme Monsanto, BASF ou Syngenta. Comment jouez-vous votre partition ?

 

FD. Ils sont significativement plus grands que nous, mais nous apportons des solutions spécifiques dans le domaine des semences. Cela dit, il faut 12 à 15 ans pour mettre en marché une nouvelle variété. Or la demande peut avoir évolué durant cette période, par exemple avec des changements dans la politique agricole commune, ou réglementaires comme le plan Ecophyto qui vise à réduire les consommations de produits phytosanitaires. La sélection et l'amélioration des plantes doivent répondre à ces nouveaux impératifs. Nous avons un atout, c’est la proximité avec nos collaborateurs et nos clients. Nous n'avons pas d'objectif de chiffre d'affaires mais nous devons assurer une rentabilité suffisante de manière à financer, à moyen terme, des dépenses de recherche en hausse de 5 % par an.

 

 

"Nous avons remboursé 

la dette et de nouvelles croissances

externes s’avèrent possibles » François Desprez

 

 

Mais vous y consacrez déjà 17% de votre CA !

 

BD. La recherche est notre cœur de métier. Nous vivons une révolution moléculaire, génétique. Nous sommes passés à des outils de marquage et de séquençage, et à de nouvelles méthodes de sélection. Nous sommes présents dans des programmes collaboratifs dont deux sont issus des Investissements d'Avenir : IFMAS qui fédère des partenaires autour du bioplastique et des peintures à base de sources amidonnées et AKER qui est une réponse à la libéralisation par l'Union européenne de l’organisation commune de marché du sucre. Nous devons être hypercompétitifs pour faire face à la concurrence de la canne à sucre, qui fournit 80 % du sucre mondial. 

 

Considérez-vous que l'Etat soutient suffisamment les ETI ?

 

FD. Oui, en particulier à travers le Crédit Impôt Recherche qui est un des meilleurs dispositifs de cette nature en Europe. Mais il est regrettable que le fisc s’attache à en limiter l’impact, notamment en rejetant de la base de calcul ceux de nos collaborateurs de recherche formés au sein de notre entreprise et riches de leur expérience, au prétexte que celle-ci n’est pas sanctionnée par un diplôme ! Pourtant, il s’agit de personnes sans lesquelles nos programmes ne pourraient aboutir

 

Recueilli par Olivier Ducuing 

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