Strabisme divergent pour l'avenir de Cambrai

6 juin dernier, point relais de Cambrai. Ambiance surréaliste : les trois présidents de région et des départements du Pas-de-Calais et du Nord tiennent une conférence de presse sur l'avenir de la base aérienne 103, que l'armée fermera définitivement à l'été 2013 (1 500 emplois). Leur ambition : récupérer les 350 ha à travers un syndicat mixte, afin de transformer le site en parc logistique multimodal, complémentaire de la plate-forme de Marquion qui sera réalisée pour accompagner le canal Seine Nord Europe. Oui mais voilà, deux jours auparavant, les équipes de Cambrésis Développement économique ont présenté un projet privé aux antipodes, baptisé Mobilopolis. Soutenu par le groupe de BTP Ramery, il vise à transformer la totalité du site en un pôle d'attraction dédié à la mobilité : showroom automobile, circuit d'essai, centre de congrès et d'expositions, parc à thème... Le site pourrait créer 2 000 emplois sur une mise de départ de 300 M€. Un concept qui laisse dubitatifs les trois grands élus, mais qui enflamme le député-maire cambrésien, François-Xavier Villain. « A-t-on le droit de travailler sur des dossiers sans vous demander votre bénédiction ? » a-t-il interrogé lors de la conférence de presse, s'emportant contre les grandes collectivités venues à Cambrai imposer « la pensée unique de la logistique », vorace en espaces et peu créatrice d'emplois. Patrick Kanner, président du conseil général du Nord, a vigoureusement répliqué, lors d'une passe d'arme publique : « Nous avons une responsabilité qui dépasse la collectivité de Cambrai. Nous n’allons pas sacrifier cet enjeu majeur. Il ne faut pas mettre en péril l’avenir. » Avec ou sans fret aérien ? Des études consulaires semblent enterrer cette perspective, faute de marché. « Nous avons besoin de davantage de discussion », apaise Daniel Percheron, président de région, soucieux de ménager des portes de sortie. Quitte à conjuguer les deux projets ? 350 ha, c'est vaste, et les projets logistiques ne consommeraient « que » 150 ha.

O.D.

Légende : visages fermés et ambiance tendue lors de la conférence de presse sur l'avenir de la base aérienne.