Euratech, la preuve par 1 500

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France


"J'ai traversé dix ans de critiques mais j'ai tenu bon contre vents et marées. On m'a traité de fou, de mégalo... mais je savais ce que je faisais et j'ai obtenu que LMCU finance." Pierre de Saintignon, vice-président régional au développement économique, en parle encore avec fougue. Dans un quartier mité par les friches, inaccessible, il rêvait d'installer un cluster dédié aux TIC, sorte de "Geekland" au pays des Ch'tis... Dans une région alors quasi exempte d'entreprises dévolues aux nouvelles technologies, mais "porte d'entrée de l'Europe et centre majeur de consommation", l'élu a dû "faire acte de désobéissance". Le Blan-Lafont ne serait pas détruit et, du haut de sa tour, la métropole lilloise adresserait "un signe à la Silicon Valley".

Euratechnologies, c'est :
25 000 m2 inaugurés en mars 2009
110 entreprises pour 1 500 emplois
20 entreprises créées par an dans l'incubateur
140 entreprises en attente
8 000 salariés espérés à terme

Dix ans et 40 millions d'euros investis plus tard, Euratechnologies était inauguré en mars 2009. Et la Silicon Valley répondait à l'invitation. Une antenne y est installée et un partenariat avec l'université Stanford offre aux dirigeants de suivre un programme sur mesure "Innovation & Entrepreneurship Stanford-Lille", première pierre du campus de l'innovation en création.

Un terreau fertile

Depuis l'arrivée des premières entreprises il y a deux ans et demi (voir par ailleurs), Euratech a creusé son sillon : pas moins de 110 entreprises déjà installées dans l'ancien château industriel pour 1 500 emplois créés ! Et une liste d'attente qui n'en finit pas de s'allonger : 140 entreprises toqueraient à la porte. La crise n'a pas obéré la dynamique. Les nouvelles technologies sont incontournables et l'"écosystème" créé par Raouti Chehih et son équipe d'Euratechnologies Développement (ex-Digiport) offre un terreau fertile.

Les candidats à l'implantation sont en attente des nouveaux espaces en construction (voir encadré), mais seuls "50 à 80" seront accueillis, à l'issue d'une sélection exigeante. L'objectif affiché : 8 000 emplois à terme. Des très jeunes pousses aux poids lourds comme Capgemini et Microsoft, l'intérêt est dans la diversité ; la moitié des entreprises installées ne dépassent pas la trentaine de salariés. Les domaines d'activité embrassent large : e-business, édition de logiciels et systèmes d'information, télécoms et réseaux, industrie de contenus et enfin soutien à l'entrepreneuriat, recherche et formation.

"Au coeur du réacteur"

L'effet "Euratech" se mesure à la croissance de ses entreprises, dont les effectifs se multiplient à très haut débit. De 1 à 15 pour V-Cult (voir aussi Eco121 n°9), de 3 à 40 pour Vekia, de 3 à 20 (et 40 dans un an) pour Adictiz, qui prévoit de multiplier son chiffre d'affaires par... 40 en 2015 ! Ce développeur de social games, à qui on doit "Paf le chien" sur Facebook, résume : "Heureusement qu'on est venu !". Son dirigeant, Charles Christory, 25 ans, a posé ses valises à Le Blan-Lafont en avril 2009. "Si on n'est pas au coeur du réacteur, on n'a aucune chance de passer un vrai cap." Deux business angels viennent d'entrer au capital d'Adictiz, qui compte lever 2 M€ d'ici 2012.

Didier Gros, lui, s'autofinance. Il a créé à Roubaix en 1997 Arobas Music, qui a réalisé 3,5 M€ de CA en 2010 pour 18 salariés. Son logiciel d'édition de tablatures pour guitare, Guitar Pro, est devenu leader, avec 85% des clients à l'international. En octobre 2009, le développeur quittait Château-Rouge à Marcq, où il faisait figure d'"extraterrestre", pour Euratech. "Venir ici, c'était s'ouvrir davantage." Le dirigeant a fait jouer les synergies et collaboré avec Neoweb et Tymate : "sous-traiter oblige à bien documenter, et la proximité permet de se parler en direct."

Pour Wygwam, expert en technologies informatiques, Euratech est "synonyme de positionnement sur l'innovation". Une carte de visite. Marc Barron, DG, y a trouvé "un environnement d'échanges, une communauté qui bouillonne d'idées et sait les assembler pour générer de la croissance, de la performance".

Innovation à la demande

En quelques dates :
1983 Fermeture des usines Le Blan et Lafont
1999 Lancement du projet Euratechnologies par LMCU
2004 Création de la ZAC des Rives de la Haute Deûle
2008 Installation de Microsoft
2009 Inauguration
2012 17 600 m2 de nouvelles surfaces
2014 1 000 logements

Et ça ne fait que commencer. Euratechnologies 2 est en marche. Le campus de l'innovation attend les nouveaux bâtiments (un total de 20 000 m2) pour déployer son concept d'"innovation on demand" avec les universités et acteurs de l'innovation. Soit une formule d'"intermédiation entre l'offre et la demande", détaille Raouti Chehih, sur le mode : j'ai un besoin-je trouve une réponse rapide.

Le Pôle ubiquitaire, 12e filière d'excellence régionale lancée en juin dernier, trouvera dans cet environnement élargi la ressource pour son "urban lab", espace de réflexion et d'agrégation de compétences sur la ville du futur, sujet cher au directeur d'Euratechnologies. Il parle encore d'un "Life center", pour compléter le cadre de travail d'un cadre de vie, ou d'un "e-commerce village" qui mutualiserait les services aux pure players.

De quoi étayer les bases du projet transfrontalier et créer un "corridor intelligent", du bassin minier – avec son Pôle numérique de la connaissance – à la Belgique via Euratechnologies, la Plaine Image et la Haute-Borne. "Il n'y a pas besoin de grands moyens, rassure Raouti Chehih, il suffit de connecter l'intelligence. Euratechnologies n'est qu'un élément d'un ensemble plus global. On se regarde en face et on avance." Contre vents et marées.

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