Dans les coulisses de ... Le Relais

Ils ont la fibre. Textile et humaine. C’est à Bruay-la-Buissière dans la ZAC du Possible (ça ne s’invente pas !) que d’anciens bénévoles d’Emmaüs ont monté Le Relais. Aujourd’hui, 400 personnes travaillent sur ce site de plus de 8 000 m2, le plus grand de France. Leur mission : trier et valoriser le textile préalablement collecté grâce au réemploi et au recyclage. Les équipes partent chaque jour en tournée vider les conteneurs alentours et, particularité dans le Bruaisis, récupérer en porte à porte les sacs distribués en amont. De retour à l’entrepôt, un groupe effectue le « craquage » des sacs au pied d’un tapis roulant. Une première sélection met de côté les chaussures, la maroquinerie et les déchets. Dans le même temps, le linge en très bon état est classé pour être vendu à prix attractifs dans le réseau Relais des 22 boutiques solidaires Ding Fring de la région. Le reste passe ensuite au crible de la dizaine de trieurs installés le long de la chaîne. Chacun est chargé de repérer 3 à 4 catégories de vêtements sur les 300 existantes, du pantalon au T-shirt en passant par les articles de sport et autres manteaux. Pas moins de 16 tonnes de dons sont triées chaque jour par les petites mains de Bruay.

Place à un second tri plus précis, réalisé sur table par type d’article, en fonction des commandes comme cette série de pulls à destination de la Russie. Au total, 55% du textile est réemployé par la revente à l’export et dans les 70 boutiques Ding Fring françaises. Le Relais, ce sont aussi trois antennes à l’étranger, au Burkina-Faso, au Sénégal et à Madagascar où est envoyée une partie de la collecte nettoyée de ses déchets. « Une délocalisation positive » créatrice d’emploi solidaire à l’international.

Rien ne se perd tout se transforme

Autre débouché pour les récoltes, le recyclage (35%). Quand il n’est plus possible de redonner une seconde vie aux vêtements, ils deviennent alors matière première (chiffons d’essuyages pour les pros). Mais aussi sources d’innovation. Les équipes R&D ont imaginé un tissu appelé Métisse : un isolant thermique et acoustique conçu à partir de textiles défibrés ou effilochés, fabriqué dans une nouvelle unité à Billy-Berclau. En 2011, la société a également lancé une marque appelée B.a-ba. Il s’agit d’objets et textiles rénovés grâce à la technique du flocage (procédé utilisant une poudre issue de textile pour recréer une seconde peau). Enfin 10% de déchets ultimes font l’objet d’une valorisation énergétique (incinération).

Fibre solidaire

Si le tri manuel semble peu compétitif face à une machine de tri automatisée à commande vocale, c’est un choix stratégique générateur d’emplois. Par le travail, Le Relais s’attache à la réinsertion professionnelle de personnes aux parcours de vie souvent chahutés. Entreprise à « but socio-économique », elle a par ailleurs intégré le principe de la démocratie participative dans sa gouvernance (un salarié = une voix). Avec comme valeur, le partage à tous les étages.

En chiffres :            

CA 2010 : 45 M€

- 2000 salariés

- 15 000 conteneurs en France

- 80 000 tonnes de linge collecté par an

- 14 centres de tri

- 28 relais

- 300 catégories de classements