Numéro#149

Publié le 01/04/2025

L'édito

Mobilisation générale ?

Le niveau des risques, lato sensu, a rarement été aussi élevé. Tous les spécialistes de sécurité ou de géopolitique le disent mezzo vocce depuis long- temps, à haute voix aujourd’hui. Bien au-delà du seul conflit en Ukraine : cybersécurité, terrorisme, désinformation, espionnage industriel, entrisme et communautarismes, parmi d’autres, et bien sûr, risque militaire. Une forme de naïveté européenne, surtout à l’ouest du continent – l’Est ayant gardé un souvenir cuisant de ses années au sein du glacis soviétique – a conduit à abaisser la garde depuis des années. Francis Fukuyama n’avait-il pas annoncé la fin de l’Histoire, grâce à la victoire du concept de démocratie libérale ? Le mur de Berlin puis l’URSS n’étaient-ils pas tombés sans coup férir ? On pouvait donc se concentrer sur la seule logique de consommation, de croissance économique et d’hédonisme insouciant.

Regagner des galons perdus

Défense, au-delà de nos grands champions comme Thalès ou Dassault Aviation. Dans notre région, on compterait 70 PME environ au chiffre d’affaires de plus de 10 M€ œuvrant dans l’armement. Comparaison n’est pas raison, mais le complexe militaro-industriel américain compte pour beaucoup dans la puissance de rayonnement américaine. La France peut sans doute aussi regagner bien des galons perdus à travers cette reconquête du militaire.

Avec un problème hélas récurrent : les moyens financiers. Notre déficit constant depuis 1974, encore 6% du PIB cette année, notre dette de 3 300 milliards et notre besoin d’emprunter 340 milliards d’euros sur les marchés cette année sont-ils compatibles avec de grandes ambitions militaires ? Certes, la France doit pouvoir compter sur la solidarité financière de nos voisins qui bénéficient de la protection de nos forces armées. Mais elle ne pourra pas faire l’impasse sur une nécessaire mobilisation financière générale pour retrouver des marges de manœuvre en tenant d’une main de fer la dépense publique. Et en la réorientant des inénarrables bonus pour réparer ses fermetures éclair et autres dépenses surréalistes vers l’indispensable régalien. Et sûrement bien au-delà de l’annonce du modeste fonds de 500 M€ de BPI pour la Défense.

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