Numéro#155

Publié le 31/10/2025

L'édito

La courbe de Laffer pour les nuls

Arthur Laffer va-t-il connaître grâce à la France une nouvelle notoriété ? Cet économiste est surtout connu pour sa courbe en cloche éponyme. En abscisses, le taux d’imposition ; en ordonnées, les recettes fiscales. Et une courbe fortement ascendante jusqu’à un taux d’imposition optimal, avant une descente rapide jusqu’à tomber à zéro quand la fiscalité monte à 100%. En langage commun, on la traduit par les formules « trop d’impôts tue l’impôt » ou « les taux tuent les totaux ».

Ce concept de bon sens a souvent été critiqué pour son imprécision (quel est le taux optimal ?) et son universalisme (alors que chaque pays est organisé très différemment). Mais le gouvernement et le parlement français sont en passe de valider définitivement cette fameuse courbe. Déjà le précédent ministre de l’économie Bruno Le Maire avait pointé la chute inattendue des recettes fiscales pour expliquer la flambée des déficits. Ces recettes risquent à nouveau de fléchir avec le ralentissement de la croissance et les perspectives de fièvre fiscale parlementaire qui ont toutes les chances de refroidir les ardeurs investisseuses des entreprises et l’envie de consommer des ménages.

Loin de l’économétrie et des ratios complexes à comprendre et analyser, loin des théories de la pensée économique d’Adam Smith à John Maynard Keynes en passant par Milton Friedman, notre pays s’apprête à s’offrir une leçon d’économie majeure et cuisante, par l’exemple.

Voie sans issue

Le recours systématique à l’impôt est une voie sans issue lorsqu’on est déjà le pays le plus taxé au monde. C’est clairement à la dépense publique qu’il faut s’attaquer, et donc à l’organisation, à la bureaucratie, aux excès de normes qui ont les mêmes effets délétères que l’impôt confiscatoire sur l’initiative des acteurs économiques.

Pour l’heure, malgré les signaux d’alerte qui s’allument partout, l’Etat se révèle incapable d’endiguer une dépense devenue incontrôlable. Le résultat est hélas prévisible, il s’appelle BCE, FMI et commission européenne. Au moins, maigre consolation, aura-t-il pour corollaire de rattraper brutalement le niveau général d’inculture économique et en parallèle d’insouciance tragique sur le prélèvement et l’usage de l’argent public.

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