Raymond Duyck, président du tribunal de Valenciennes "Le chef d'entreprise qui anticipe est dans la bonne démarche”

L’ancien patron de la brasserie familiale (Jenlain) n’a pas vu le tsunami redouté. Mais il observe une «tension» depuis la fin 2022.

Publié le 29/01/2023 par Olivier Ducuing / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

L’ancien patron de la brasserie familiale (Jenlain) n’a pas vu le tsunami redouté. Mais il observe une «tension» depuis la fin 2022.

Avec les crises successives ces dernières années, les entreprises sont-elles plus ouvertes aux démarches de prévention ?
La prévention rentre petit à petit dans les esprits, mais pas encore suffisamment. Le mot « tribunal » fait peur, les chefs d'entreprise imaginent encore souvent le tribunal comme les pompes funèbres des entreprises. Or ce n'est pas ça, il s'agit de se mettre sous la protection du tribunal.

Concrètement ?

Il y a deux façons pour nous : la première, c'est la façon spontanée, lorsque les chefs d'entreprises viennent d'eux- mêmes, car ils connaissent cette possibilité par leur expert-comptable ou par d'autres. C'est environ un quart des cas. L'autre manière, c'est le tribunal lui-même qui va convoquer le chef d'entreprise avant qu'il soit trop tard lorsque des clignotants s'allument, à travers les injonctions de payer, le non respect des formalités ou d'autres données sur les entreprises.

Est-ce efficace ?

Le chef d'entreprise qui anticipe est dans la bonne démarche. Pour faire le point, voir les possibilités existantes avant une cessation de paiement, comme le mandat ad hoc et la conciliation. La requête est plus efficace quand elle vient d'un chef d'entreprise accompagné d'un administrateur, qui va s'occuper de renégocier les échéanciers avec les banques ou les fournisseurs par exemple.

Après les précédentes crises, les entreprises font face aujourd'hui à la hausse des matières premières et de l'énergie. Faut-il s'attendre à une forte hausse des défaillances en 2023 ?


2022 a été mouvementée mais on n'a pas encore atteint les chiffres de 2018-2019. On observe quand même une tension depuis le dernier trimestre 2022 avec le remboursement des PGE, la crise ukrainienne et les hausses de matières premières. Mais il est très difficile de prédire. Avec la crise Covid, on prévoyait un déferlement, qui n'a pas eu lieu. Les pouvoirs publics ont mis en place des mesures efficaces. Pour les PGE, on n'a quasiment pas eu de demande de moratoire sur 2022. Certes, ça tire dans les trésoreries, notamment dans l'industrie qui a subi des hausses très importantes du jour au lendemain et qui n'a pas pu les répercuter aussi vite dans ses prix. On nous annonce aussi une reprise des assignations des URSSAF. Mais pour autant, je ne suis pas sûr qu'une nouvelle grande vague de défaillances arrive.

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