Le regard de JPM Banque d'affaires : L’épargne privée, moteur incontournable pour le financement de la transition énergétique

Par Samuel Dos Santos, responsable corporate Banque de la transition énergétique par Banque Populaire du Nord

Publié le 27/05/2024 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Par Samuel Dos Santos,

responsable corporate Banque de la transition énergétique par Banque Populaire du Nord

L’Union européenne s’est fixé l’objectif ambitieux de réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 (Fit for 55). Pour réussir cette transition, des investissements colossaux sont nécessaires, estimés à 1 241 milliards d’euros par an d’ici à 2030 à l’échelle européenne. Notre territoire devra en prendre sa part et l’annonce récente d’un investissement de 1,8 milliard d’euros pour la décarbonation du site d’ArcelorMittal à Dunkerque, avec le soutien de l’Etat, en est une bonne illustration. Les fonds publics, bien que significatifs, ne suffiront toutefois pas à couvrir l’ampleur des besoins financiers.

L’épargne privée : un potentiel inexploité


L’épargne privée, regroupant les fonds des ménages, des entreprises et des investisseurs institutionnels, représente une source de financement conséquente. En 2023, l’épargne des ménages en France seule s’élevait à 4 427 milliards d’euros selon une étude publiée par BPCE, soit largement supérieure aux 3 000 milliards de la dette publique française. Plus des deux tiers de ces fonds dorment sur des comptes bancaires ou sont placés en épargne dite réglementée (assurance vie, livret d’épargne). Une mobilisation même partielle de ces ressources vers des projets de transition énergétique pourrait transformer le paysage énergétique global.

Les défis à surmonter


Les investissements dans la transition énergétique sont parfois perçus comme plus risqués que les investissements traditionnels, et tous les projets ne sont pas nécessairement prêts à recevoir des investissements privés. Par ailleurs, les produits proposés aux épargnants (comptes d’épargne) sont trop souvent liquides et garantis, ce qui contraint nécessairement la part des encours pouvant être allouée à des actifs de long terme, plus risqués. Il est donc crucial de développer des projets solides et viables économiquement.Le défi des institutions financières, et en particulier des banques, consiste désormais à jouer pleinement leur rôle d’intermédiation bancaire, en orientant cette épargne vers des projets de transition énergétique et environnementale. A ce titre, la première étape indispensable pour accélérer les transitions, est de développer des produits d’épargne de long terme, investis sur notre territoire.

Il est également primordial d’apporter plus de transparence et de traçabilité aux épargnants afin d’assurer que leur argent est utilisé de manière éthique et durable, conformément à la taxonomie européenne. Notre région se veut innovante en la matière puisque plusieurs initiatives ont déjà été lancées (livret Rev3 du Crédit Coopératif, livret Transition Energétique de la Banque Populaire du Nord) mais qui restent insuffisamment relayées à l’échelle nationale.

L’épargne privée possède donc un potentiel énorme pour financer la transition énergétique de notre région. En mobilisant ces fonds par le biais de mécanismes financiers innovants, il est possible de combler le fossé financier nécessaire pour atteindre un avenir énergétique durable. La transition énergétique ne pourra être réussie sans l’implication active et la confiance des épargnants privés. Il faudra néanmoins pour cela que les Français prennent conscience du pouvoir économique que représente leur épargne!

“LES FONDS PUBLICS,
BIEN QUE SIGNIFICATIFS,
NE SUFFIRONT PAS À
COUVRIR L’AMPLEUR DES
BESOINS FINANCIERS”