Le bien-être en entreprise : un pari gagnant

Le bien-être des salariés a un impact économique très fort : moins d'absentéisme et de stress, moins de turn over du personnel, moins de coûts de soin, un meilleur investissement dans son travail. Tout débute par l'adoption de bons comportements.

Publié le 27/04/2018 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 5 minutes

"Quand le salarié est en santé, l'entreprise est en santé". L'expression est canadienne. Elle dit fort bien combien le bien-être des collaborateurs retentit sur la performance économique de leur société. Et combien le sujet est loin d'être anecdotique alors qu'il est souvent négligé, en particulier dans les petites entreprises. Les chiffres sont éloquents : le taux d'absentéisme dans le secteur privé atteint en France 4,55% en moyenne. Ce qui équivaut à près de 17 journées perdues dans nos PME et TPE, soit une valeur macroéconomique de 60 milliards d'euros ! Et un salarié en situation de mal-être a plus de chances de quitter son entreprise. Sans parler de sa santé et de son stress. “La sédentarité tue plus que le tabac”, relève Aurore Noel, responsable prévention chez Apréva. Or 40% de la population est sédentaire, avec à terme des risques de maladies car- dio-vasculaires, qui sont la première cause de mortalité chez les femmes.

Téléphoner debout
Or l'expérience montre que l'adoption de bons comportements de santé, pour un coût le plus souvent infime, permettent d'améliorer très fortement la situation. Selon une étude du cabinet Chapman, l'absentéisme recule de 27% dans les entreprises qui mettent en place des activités physiques et des actions sur l'alimentation. Des démarches qui s'avèrent très accessibles.
« On peut agir sur les troubles musculo-squelettiques par une activité physique régulière », explique ainsi Aurore Noel. Et sans mettre en place nécessairement des dispositifs importants comme les grands groupes, qui souvent se dotent de salles de détente. « Il est important de pratiquer une activité physiquerégulière, même au travail. L'homme à la base n'est pas fait pour rester assis ! et c'est plus simple qu'il n'y paraît, il existe des tas d'astuces », poursuit Aurore Noel. Quelques exemples ? Mieux vaut installer son imprimante dans le couloir plutôt que dans son propre bureau, ce qui oblige à se lever et à parcourir quelques mètres régulièrement pour aller chercher son document. On peut aussi se mettre debout et marcher pendant une conversation téléphonique pour ne pas rester assis. Ne pas hésiter non plus à substituer son fauteuil à roulettes par une gymball qui coûte une dizaine d'euros. Le ballon oblige à s'asseoir bien droit sans croiser les jambes. Mais pas toute une journée, car le dos a aussi besoin d'être soutenu. Il existe aussi des solutions simples d'aménagement de poste de travail, avec des bureaux réglables qui permettent de choisir de travailler soit en position assise soit en position debout.

“Bien vivre son âge”
Au-delà des seuls salariés, la santé du dirigeant est un sujet à part entière. En particulier dans les très petites entreprises. « Ils ne font pas attention à eux car ils n'ont pas le temps, décrypte Aurore Noel. on cherche à les accompagner car ils ne sont pas à l'abri, un jour ou l'autre, d'un souci de santé. et ce jour là, leur entreprise sera à l'arrêt aussi... c’est un des enjeux du programme « Bien Vivre son age » que nous développons pour nos adhé- rents particuliers et entreprises ».

La responsable prévention d'Apréva relève un chiffre communément admis : pour un euro investi en prévention, l'entreprise en récupère 2,5 € sur le long terme...

De quoi convaincre les plus réfractaires.

La preuve par l'exemple, chez Imalys et Meccano
Imalys est un gros laboratoire d'imagerie médicale basé à Béthune, mais qui compte 9 sites où se répartissent ses 120 salariés. 21 médecins radiologues sont associés dans cette entreprise en forte croissance (elle comptait seulement 60 personnes il y a dix ans). La prévention santé interne n'était pas vraiment un sujet jusqu'à il y a deux ans.« Ce n'était pas du tout dans la culture de l'entreprise. Mais on s'est dit que pour prendre soin des autres, il faut d'abord prendre soin de soi », explique Aurore Maréchal, entrée comme responsable RH à l'époque. Elle a depuis porté un ambitieux plan de prévention santé, négocié avec le personnel et ac- compagné par l'Agence régionale d'amélioration des conditions de travail (Aract).
Préparé très en amont, associant Apréva (mutuelle), Humanis (Prévoyance) et la médecine du Travail, mais aussi les représentants du personnel, le projet a abouti à la mise à disposition d'activités auprès des collaborateurs au-delà de la vie professionnelle, sur la base du volontariat. Des ateliers variés ont été programmés hors temps de travail, depuis la prévention tabac-alcool jusqu' à l'initiation au tai chi ou à la sophrologie en passant par le yoga du rire ou la cohérence cardiaque.« Au début, on m'a prise pour une illuminée. Mais quand il s'est agi de renouveler l'opération, tout le monde adit oui sans réserve », se réjouit Aurore Maréchal, qui note le coût nul de cette mobilisation, jusqu'à présent. Et même des économies, puisque l'installation de gymballs dans le mini call center de l'entreprise a permis de régler les problèmes de dos et de hanches des opératrices. Et donc de ne pas acheter de nouvelles chaises !

Corbeilles de fruits
Le bien-être des salariés est une préoccupation ancienne du groupe canadien Spin Master. Aussi, il était logique que cette pratique diffuse en France après l'acquisition de Meccano, qui possède son usine à Calais (53 personnes) et des bureaux à Boulogne-Billancourt (27 salariés).« Nous avons choisi de distribuer depuis un an des corbeilles de fruits de saison et de fruits secs aux collaborateurs chaque semaine, pour éviter le grignotage », expose Lydie Saison, DRH de Meccano. En parallèle, la société a aussi mis en place en 2017 une séance de quatre ateliers avec Apréva autour de la prévention alcool-tabac, le massage assis, la diététique et l'activité sportive. Sans compter des tests de gymball. La démarche est-elle bien comprise au- près d'un public ouvrier ?« La moyenne d'âge était élevée il y a quelques années, mais le personnel se renouvelle, avec une autre vision des choses. Notre initiative est aujourd'hui bien perçue. A nous d'expliquer les enjeux !