La biomasse, un potentiel considérable de chaleur renouvelable

Entre le besoin de sortir de la dépendance aux énergies fossiles, l'exposition à la volatilité des cours mondiaux voire aux pénuries et le potentiel d'une énergie locale et renouvelable, le recours à la filière bois a vocation à fortement s'accroître ces prochaines années.

Publié le 26/08/2022 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 4 minutes

La biomasse a de beaux jours devant elle. Entre le besoin de sortir de la dépendance aux énergiesfossiles, l'exposition à la volatilité des coursmondiaux voire aux pénuries et le potentiel d'une énergie locale et renouvelable, le recours à la filière bois a vocation à fortement s'accroître ces prochaines années. C'est dans cette perspective que les professionnels dubois ont lancé il y a six mois le premier Observatoire régional de la filière, Observabois. Un outil qui vise à capitaliser toutes les informations relatives à cette filièrebois, ses entreprises, ses acteurs, son potentiel d'emplois.

« Cette initiative prend tout son sens car la bonne santéde la filière bois permet de rendre durable la filière bois énergie. Le bois est la principale ressource valorisée pour la production de chaleur en région. Et dans tousles scénarios de prospectives produits par l'ADEME (https://transitions2050.ademe.fr/), cela resteune filière en devenir », souligne Christophe Roger(christophe.roger@ademe.fr), spécialiste des filières biomasse, réseaux de chaleuret EnR électriques àl'ADEME. Un avenir qui doit toutefois s'anticiper carla progression continue de la demande suppose une mobilisation territoriale pour structurer et muscler la filière. Si la région affiche un faible taux de boisement (15%de surface boisée, soit le onzième rang national), elle esten revanche celle qui a la plus forte densité de feuillus.

La ressource est donc moindre que dans des régions trèssylvicoles comme la Franche-Comté, mais elle est loin d'être négligeable. Il faut y ajouter le gisement de déchets de bois, une ressource également importante, voire d'autres ressources plus inattendues comme les anas de lin (les fragments de paille récupérés après le teillage). Le parc de réseaux de chaleur avec des chaudières biomasse est déjà très significatif en Hauts-de-France,avec le soutien de ces projets depuis 2009 par le fonds Chaleur (qui prend en charge de 30 à 50% des investissements éligibles).

Et le rythme s'accélère aujourd'hui. « De plus en plus de collectivités petites ou moyennes s'engagent dans une réflexion soit de remplacement de chaudière soit de création de réseau de chaleur. La situation actuelle est un élément déclenchant : les factures énergétiques vont exploser demain », pointe Christophe Roger.

Par ailleurs, dans le cadre du plan de relance de nombreux industriels se tournent vers l'utilisation de la biomasse (comme Ingredia à Saint-Pol sur Ternoise, lire ci-contre). D'autant que ces équipements permettent à un territoire de valoriser une ressource locale, de structurer un écosystème, et de s'affranchir des variations de cours si pénalisantes aujourd'hui. Sans compter l'intérêt de pouvoir aussi tenir des engagements sur les gaz à effets de serre dans la mise en œuvre des plans Climat Air Energie Territoriaux (PCAET) par les collectivités.

Ingredia : de la vapeur avec du bois

Du broyat de palettes et des plaquettes forestières : ce sont les matières premières locales avec lesquelles Ingredia, spécialiste mondial des protéines de lait, va faire fonctionner sa future chaudière biomasse de 20 MW qui l'alimentera en vapeur. Ce projet soutenu par l'ADEME (aide ADEME : 5 395 000 €) présente plusieurs atouts majeurs pour Ingredia : il sécurise son indépendance énergétique, avec une ressource locale aux coûts plus stables, il fiabilise l'outil de production par un taux accru de disponibilité de la chaudière, et il augmente la part d'énergies renouvelables utilisées, tout en offrant à l'usine un potentiel de développement grâce à des capacités de vapeur dopées.

Corbie : un réseau de chaleur rural

Depuis janvier 2020, la commune de Corbie, à l'est d'Amiens, dispose de son réseau de chaleur. Un équipement porté par la Fédération Départementale d'Energie de
la Somme (FDE 80), syndicat intercommunal compétent en matière d'énergie. Cet exemple de réseau de chaleur en milieu rural s'appuie sur une chaufferie biomasse centrale de 2 MW et d'une chaudière gaz de secours, d'un circuit de 2,5 km de canalisations enterrées, avec 23 postes de livraisons de la chaleur. Le réseau assure la couverture des besoins de chauffage et de production d'eau chaude sanitaire avec une énergie renouvelable à 91% de six abonnés : le centre hospitalier, la commune,
la communauté de communes du Val de Somme, le conseil départemental de la Somme et deux établissements scolaires. A noter que la FDE 80 a institué autour de ce projet appuyé par l’ADEME (aide ADEME :
900 000 €) un comité des usagers pour établir un bilan annuel ainsi qu'un observatoire du coût des énergies.

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Pour en savoir plus sur les aides de l’ADEME https://agirpourlatransition.ademe.fr