L'EDHEC présente sa stratégie 2025

Au terme d’ un an d’élaboration, la business school nordiste produit son nouveau plan stratégique pour cinq ans.

Publié le 26/03/2020 par Julie Kiavué / Lecture libre / Temps estimé: 5 minutes

Au terme d’un an d’élaboration, la business school nordiste produit son nouveau plan stratégique pour cinq ans. Avec une ambition forte d’impacter la société à travers ses futurs étudiants formés à un business plus vertueux.

Développement durable, impact sociétal et nouveaux modèles d’apprentissage, l’EDHEC s’apprête à vivre une nouvelle ère, avec à l’appui un plan stratégique à cinq ans baptisé « impact future generation 2025 ». Pour réussir la profonde transformation qu’elle ambitionne, la business school roubaisienne engage un investissement colossal de près de 230 M€, nourri en grande partie par la vente de sa filiale de recherche Scientific Beta à la Bourse de Singapour en janvier dernier (200 M$). Pour le Dg de l’EDHEC Emmanuel Métais, ce nouveau plan stratégique « tombe à point nommé » car l’école se trouve actuellement « dans une période de croissance au sein d’un environnement porteur », permettant ainsi d’entrevoir l’avenir avec « optimisme et sérénité ». Talents capables de faire évoluer le monde du business pour mettre celui-ci au service de la société, avec comme mission première de répondre aux problèmes sociétaux. « La contribution des business schools sur des sujets tels que le changement climatique ou le manque d’inclusion est une question de plus en plus posée », détaille Emmanuel Métais. Outre sa volonté d’atteindre la neutralité carbone sur ses campus de Roubaix, Paris, Nice, Londres et Singapour à horizon 2030, la réponse de l’EDHEC émanera simultanément de son activité recherche, du développement de ses programmes et de sa transformation digitale et technologique.

Recherche et entrepreneuriat

La business school considère que recherche et entrepreneuriat ne doivent pas être dissociés. C’est pourquoi elle poursuivra et renforcera sa stratégie engagée il y a maintenant 15 ans. D’où la volonté de créer sur le campus de Singapour une nouvelle activité issue de sa recherche. Son but sera de réaliser des benchmarks portant sur les risques et les impacts environnementaux, sociaux et sur lagouvernance des investissements en infrastructures. « Un marché à conquérir », estime Emmanuel Métais, qui lorgne la place de référence mondiale. L’EDHECva créer un centre de recherche transversal en matière de « Sustainable Finance » pour répondre aux enjeux sociétaux de l’économie pour les générations à venir.

L’EDHEC 2020 vs 2025 :

- Passer de 8 500 étudiants à 10 000 étudiants, soit +1,5% par an

- Porter le budget de 140 M€ à 185M€

En parallèle, l’établissement soutiendra ses étudiants entrepreneurs via un fonds d’investissement nommé EDHEC Ventures for Future Generations mais aussi le lancement de deux accélérateurs en Californie et à Singapour. Lesquels financeront les start up incubées à l’EDHEC jugées les plus pertinentes et en lien avec le changement climatique et la transition écologique.

Profils hybrides

Côté enseignement, l’école entend muscler son offre en proposant des formations au-delà du management. Elle met en place actuellement des partenariats avec des universités étrangères dans ce sens. Il s’agira dès la rentrée, permettre aux étudiants, tous programmes confondus, de compléter leur formation avec des matières supplémentaires telles que la philosophie, l’éthique ou encore la chimie via la création d’EDHEC Business University Online. De la même manière l’EDHEC Augmented Law Institute spécialisée en « droit augmenté » ouvrira d’ici peu. L’idée ? Analyser l’impact des nouvelles technologies sur ce domaine et les pratiques juridique. L’école formera ainsi des futurs managers, dirigeants et entrepreneurs sur les enjeux réglementaires du secteur. « Nous voulons clairement jouer la carte de l’hybridation pour former des experts, des leaders responsables en élargissant leurs compétences, tout en restant une business school », explique la directrice du programme Grande école et des MSc Michelle Sisto.

Le pari du digital

Il y a deux ans, l’EDHEC dévoilait sa plateforme de formations 100% digitales (lire ci-dessous). Aujourd’hui, elle souhaite l’accélérer en développant par exemple des contenus exclusivement en ligne et en « Blended Learning », comprenez l'apprentissage hybride mêlant formations en ligne et en présentiel. Par ailleurs, l’école créera le Data and AI for Future Generations, un centre d’expertise afin d’acculturer les étudiants aux enjeux des transformations technologiques.

Autant dire que, pour réussir sa reconversion d’ici 2025, l’EDHEC a du pain sur la planche ! Pas de quoi inquiéter son directeur général selon qui l’établissement mènera tous ses chantiers avec « optimisme et authenticité »

Montée en puissance du "Online"

En 2018, l’EDHEC lançait sa première plateforme de formations 100% digitales et en présentiel avec 250 élèves. En majorité des trentenaires, salariés, en France ou à l'étranger, aux revenus plus modestes que d'autres étudiants, selon le directeur de l’EDHEC Online Benoît Arnaud (cf n°85 d’Eco121). D’ici à 2025, l’établissement nordiste souhaite développer son catalogue de certificats et ses programmes dédiés aux managers. Avec l’objectif d’atteindre les 1 000 étudiants annuels d’ici cinq ans. Tout en poursuivant le coaching individuel pour un accompagnement cousu main et sur mesure des élèves.

<img1#left#400/>Emmanuel Métais, Dg de l’EDHEC :

"Peu d’écoles ont un impact sur l’industrie par la recherche "

Qu’est-ce qui a motivé votre plan stratégique ?

Les aspirations des jeunes en profond changement. Ils sont en quête de sens et ne veulent plus travailler dans des entreprises qui n’en ont pas. Pour preuve, ils n’hésitent pas à quitter leur emploi rapidement lorsque celui-ci ne répond plus à leurs demandes. Ils nous ont eux-mêmes sollicités pour mettre en place davantage de formations liées au changement climatique et plus largement à l’environnement. C’est une considération qui est de plus en plus prise en compte notamment dans leurs associations scolaires.

Comment ferez-vous la différence avec les autres écoles ?

Avec notre capacité à raconter une histoire et la manière de mettre en œuvre nos actions. Nous devons être dans une posture qui nous correspond, avoir une marque de fabrique particulière, notamment sur la recherche. Peu d’écoles ont un impact sur l’industrie par la recherche comme nous l’avons. Ce sera déterminant pour l’avenir.

Vous avez également la volonté de vous ouvrir davantage socialement...

Tout en étant plus sélectif et qualitatif. C’est un vrai paradoxe que nous devrons gérer. Notre souhait est d’accompagner nos étudiants boursiers qui constitueront 40% de nos effectifs dans cinq ans, contre 30% aujourd’hui. Et le budget de notre dispositif EDHEC for All passera de 10 à 15 M€. Là aussi, peu d’écoles réservent autant pour les étudiants boursiers.

Article réalisé à la suite d’une interview datée du 12 mars 2020.