Je doute donc j'existe

"Douter ce n’est pas manquer de convictions, de capacité à embarquer et à décider, c’est se montrer dans son humanité et dans son humilité."

Publié le 26/02/2024 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Alexis Roquette, directeur associé Quintesens.
Alexis Roquette, directeur associé Quintesens.

J’ai passé une bonne partie de ma carrière à tenter de montrer un visage confiant et serein en toutes circonstances. Emprisonné dans la croyance limitante qu’il était impératif pour embarquer mes équipes de ne pas partager mes doutes et mes atermoiements.

Comment mettre une entreprise, une équipe, un département en situation de succès si le « chef » a des états d’âme ? Impossible bien sûr ! Cela aurait fragilisé l’ensemble et nous aurait condamné à l’échec. Un chef qui doute, c’est l’assurance de développer anxiété et perte de repères.

J’étais enfermé dans ce foutu « sois fort », consistant à en montrer le moins possible concernant mes propres interrogations.

La sagesse aidant, et surtout après avoir rencontré ces dernières années des dirigeants en posture basse, en capacité de partager leurs doutes, je me suis surpris à ce que l’image que j’avais d’eux s’en trouvait renforcée dans leur leadership. Assez naturellement finalement, car douter ce n’est pas manquer de convictions, de capacité à embarquer et à décider, c’est se montrer dans son humanité et dans son humilité.

Je reste impressionné par celles et ceux, en individuel et surtout en collectif, qui ont la capacité à exprimer leurs difficultés, leurs échecs et j’essaie modestement de m’y exercer.

Pour que cet exercice soit salvateur et bénéfique, il est important qu’il soit préparé. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas forcément simple de l’accepter. Savoir être doux et indulgent avec soi-même ne se décrète pas, cela se construit et s’accepte. Se préparer, cela permet d’être intelligible et de ne pas sombrer dans des décharges émotionnelles qui viendraient brouiller le message. C’est finalement s’exprimer en tant qu’adulte auprès d’autres adultes.

Le partage de ses doutes auprès d’un entourage dans lequel nous avons confiance, favorise l’émergence de nouvelles idées, de nouveaux regards, d’une envie sincère des interlocuteurs de contribuer.

Cela provoque un bien être, un regain d’énergie, une vraie forme de soulagement intérieur. C’est la puissance de l’interaction qui prend tout son relief et sa valeur ajoutée. Est-ce que partager ses doutes est une formule magique ? Non, parce que personne n’est magicien, parce que nous n’avons pas la maîtrise sur tout, parce qu’il est important d’accepter l’imperfection.

Sachons regarder le chemin parcouru, ses embûches, parfois ses retours en arrière.

J’aime beaucoup la formule de Jean Bédard, essayiste québécois, qui exprime que « le doute est le courage de la conscience ». Il faut en effet une certaine dose de courage pour se montrer vulnérable. Je doute, donc j’existe.