Entreprises : misez sur la sobriété

Les prix de l'énergie se sont envolés ces derniers mois. L'occasion pour les entreprises de passer en revue leurs process de production. Le gisement d'économies y est potentiellement très important et bien plus accessible qu'on pourrait le croire. Plus que jamais, la sobriété se révèle un véritable levier de performance globale. L'ADEME vient de voir ses moyens accrus pour accompagner le monde économique dans cette voie.

Publié le 30/01/2023 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Avant d'aller chercher des sources d'énergie supplémentaires hors de prix, pourquoi ne pas l'économiser d'abord ? Le potentiel de gain de la sobriété est très significatif et, surtout, à portée de main. « Le premier acte d'engagement, c'est de se questionner sur son mode de fonctionnement, son comportement. Ensuite viennent l'efficacité énergétique et le process lui-même, avant le recours aux énergies renouvelables », décrypte Herminie de Fréminville, coordinatrice du pôle Transition énergétique de l'ADEME.

Des pratiques qui semblaient évidentes depuis toujours peuvent être revues : certaines entreprises de l'agro-industrie se sont rendu compte que l'usage de la vapeur n'était pas indispensable mais que de l'eau chaude pouvait rendre le même usage avec les mêmes garanties sanitaires et à un coût moindre. Autre exemple : les entreprises qui recourent à l'air comprimé dans leur process ne recherchent pas toujours les fuites, qui représentent une grosse perte de performance. « Les températures de consigne, l'optimisation des débits, la réduction de la pressionde vapeur au juste niveau, la vérification des calorifuges, travailler la compacité d'une usine, sont autant de moyens qui permettent de rechercher la sobriété », détaille Herminie de Fréminville. Pour elle, que les entreprises disposent de leur propre référent énergie ou qu'elles fassent appel à des consultants, il est important qu'elles puissent adopter leur plan de sobriété énergétique qui lui-même s'inscrira dans la feuille de route de la décarbonation. Avec un intérêt tout particulier pour les grandes entreprises qui peuvent démultiplier ces bonnes pratiques à grande échelle. Le principe vaut tout autant pour les PME. « Qu'on ait 5 ou 300 salariés, c'est la même réflexion. Comment consommer moins, s'interroger sur ses achats, sa production, ses ventes, et même ses modes de circulation : j'appelle ça de la gestion de bon père de famille », sourit la coordinatrice de l'ADEME (cf. en bref).

L'ADEME peut accompagner le monde économique avec des moyens qui viennent d'être amplifiés, le fonds Chaleur ayant été porté à 520 M€ pour 2023, et même près du double envisagé d'ici à 2027.

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Pour en savoir plus sur les aides de l’ADEME https://agirpourlatransition.ademe.fr

Plus de calcin pour Saint-Gobain

Pour réduire sa consommation d'énergie fossile (-9,2% attendus) et son impact CO2 (-17% espérés), Saint-Gobain Aniche entend doper son utilisation de calcin (débris de verre), de 11 à 37%, dans sa production de verre plat : la fusion du calcin nécessite en effet moins d'énergie et évite le recours aux matières premières ainsi que leur transport. Ce qui suppose aussi d'accroître les exigences de tri et de contrôle pour éviter les impuretés très préjudiciables au four verrier. Saint-Gobain veut faire de son usine la moins carbonée au monde du secteur du verre plat. Le projet est soutenu par l'ADEME à hauteur de 1,54 M€.

Bonduelle réduit les émissions de son usine d'Estrées

L'usine d'Estrées-Mons (80) est l'une des conserveries majeures du groupe légumier. Le site picard, qui couvre 20 hectares de bâtiments, est fortement consommateur de vapeur (100 Gwh/an) pour ses besoins industriels : pelage, stérilisation, chauffage... L'usine, chauffée majoritairement par des aérothermes au gaz, s'approvisionne désormais en vapeur verte auprès de CBEM, qui exploite une cogénération biomasse sur un site voisin. De quoi couvrir 75% de ses besoins, le reste étant produit sur place. Appuyé par une aide de l'ADEME de 234 411 €, Bonduelle pourra ainsi économiser 22% de consommation, soit un gain de plus de 6 000 Mwh de gaz, et réduire de 1 129 tonnes les émissions de CO2 de son usine.

Décarbonation de filière

De nouveaux Plans de Transition Sectoriels (PTS) doivent voir le jour rapidement. Il s'agit d'établir avec les filières industrielles des scénarios de décarbonation, pour atteindre les objectifs énergie climat nationaux : à savoir un recul de 81% des émissions à horizon 2050 par rapport à 2015. Les filières acier, papier-carton, ciment, verre et sucre ont déjà lancé leurs démarches, les secteurs de l'aluminium, du chlore, de l'éthylène et de l'ammoniac vont suivre. Au total, ces filières représentent les deux tiers des émissions industrielles françaises.

Pour en savoir plus : https://finance-climact.fr/publication/ ?outil=plans-de-transition-sectoriels.