Entreprises inclusives: les écoles de la région se mobilisent

Jeunes des quartiers, chômeurs de longue durée, travailleurs handicapés, réfugiés... Comment inclure la différence dans ses effectifs ? L'IAE, l'Edhec et l'Université d'Artois planchent sur le sujet début novembre.

Publié le 26/11/2019 par Julie Kiavué / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Hager Jemel (à g.) et Xavier Weppe face aux entreprises lors d'un atelier de groupe sur l'inclusion à l'aide d'un photolangage.
Hager Jemel (à g.) et Xavier Weppe face aux entreprises lors d'un atelier de groupe sur l'inclusion à l'aide d'un photolangage.

Jeunes des quartiers, chômeurs de longue durée, travailleurs handicapés, réfugiés... Comment inclure la différence dans ses effectifs ? L'IAE, l'Edhec et l'Université d'Artois planchent sur le sujet début novembre.

Le gouvernement dévoilait début février sa circulaire sur l'inclusion et l'insertion professionnelle. Il espère mobiliser pas moins de 10 000 entreprises, Tpe, Pme, grands groupes, autour de l'inclusion sur chaque territoire, avec l'appui des acteurs locaux à l'instar de la Direccte. En région, il n'a fallu qu'une vingtaine de jours au haut commissaire aux compétences et à l’inclusion Jean-Marie Marx pour lancer le premier club régional de Tpe-Pme souhaitant participer au mouvement La France, une chance, les entreprises s’engagent ! Porté par Réseau Alliances et le Medef Hauts-de-France, le club se présente comme "le laboratoire des bonnes pratiques inclusives dans l’emploi". Certains n'ont évidemment pas attendu la circulaire interministérielle. C'est le cas du grossiste T&B Verger avec l'intégration de travailleurs autistes dans ses effectifs. Mais aussi de la société du président du Medef Lille Métropole Yann Orpin Cleaning Bio et son engagement "territoire zéro chômeur". Ou encore du groupe familial de BTP Rabot Dutilleul et Kiloutou qui parrainent les jeunes en difficulté via le dispositif Squad Emploi du Réseau Alliances.

Le mouvement est en marche. Mais le chemin à parcourir reste long. D'où la mobilisation début novembre de l'IAE de Lille, l'Université d'Artois et du centre Open leadership de l'Edhec, lors d'une journée de sensibilisation au handicap. "En région, les entreprises se demandent de plus en plus comment arriver à une cohésion qui mène vers plus d'innovation et de créativité avec des profils divers", d'après la directrice du centre Open Leadership Hager Jemel. Car, sur ce territoire ouvert à l'international, "même s'il y a la motivation sociale, la première motivation des entreprises reste la performance". Comment y parvenir ?

Penser "inclusif" dès le recrutement

C'est la première recommandation des trois écoles régionales. Selon l'enseignante-chercheuse de l'université lilloise Vanessa Warnier, "le clonage salarial et les routines de recrutement ont des effets négatifs aussi bien socialement que économiquement. Avec certains candidats le recrutement classique ne fonctionne pas." Les entreprises doivent alors repenser leur façon d'être, déconstruire leurs stéréotypes pour révolutionner le processus d'intégration. "Le recrutement collaboratif est une grande réponse, estime Hager Jemel. Se dire qu'avoir des collaborateurs différents dans ses rangs, qui finiront bien par travailler ensemble, ne suffit pas. L'inclusion démarre au recrutement et tout au long du quotidien en entreprise, développe-t-elle. Et ce, pour tous les salariés, quel que soit leur poste". Evidemment, "cela demande un effort important car l'inclusion n'est pas une chose naturelle chez l'Homme, précise Xavier Weppe, enseignant-chercheur à l'IAE. Nous livrons nos pistes de réflexions. Aux entreprises de se les approprier et s'adapter en fonction de leur spécificité et des talents ciblés."

Mais l'inclusion peut également être prise encore plus tôt : aux portes des études supérieures. "C'est une responsabilité qui est aussi sur nos épaules", concède Hager Jemel. Il y a trois ans, l'Edhec a fait évoluer l'épreuve orale de ses futurs étudiants. Elle laisse davantage de place à l'épreuve de groupe et faire varier les contextes et points de vue différents. “Les étudiants admissibles doivent discuter ensemble autour d'une problématique. Ça permet aux membres du jury d'observer le comportement de chacun sous différents angles”, explique Jemel Hager. De quoi donner des idées à d'autres ?