Entreprises centenaires : des organismes bien vivants !

Après trois ans de disette, le club des entreprises centenaires fêtait il y a quelques jours son grand retour, en même temps que ses dix ans, sous les ors de la grande verrière de la CCI Grand Lille.

Publié le 26/05/2022 par Olivier Ducuing / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Photo B Grossmann. Le club des entreprises centenaires a également profité de la soirée pour fêter son dixième anniversaire
Photo B Grossmann. Le club des entreprises centenaires a également profité de la soirée pour fêter son dixième anniversaire

Après trois ans de disette, le club des entreprises centenaires fêtait il y a quelques jours son grand retour, en même temps que ses dix ans, sous les ors de la grande verrière de la CCI Grand Lille.

"Et si nous regardions nos entreprises comme des êtres vivants ? » Le Club des Entreprises Centenaires de la région, sous la houlette de son président Gilles Bernard (Briqueteries du Nord) avait choisi ce thème original pour renouer avec ses grandes soirées très courues par les milieux économiques. Une rencontre tenue trois ans après la précédente, pour cause de Covid, bien sûr, et qui coïncidait aussi avec le dixième anniversaire du club. Avec une fournée de nouvelles entreprises qui ont atteint le siècle tels Rabot-Dutilleul ou encore... KPMG, né en 1922, à Grenoble. « Etre une entreprise centenaire n'est pas un aboutissement, c'est une étape », a nuancé Marc Lengrand, associé KPMG et partenaire de la soirée au côté du CIC Nord Ouest.

Devenir centenaire suppose d'avoir traversé une multitude de crises, et d'avoir dû et su s'adapter, tels les organismes vivants. D'où l'analogie proposée comme plat principal pour la soirée, sous le triple regard du docteur Jean-Charles Lambert, directeur de recherche à l'Inserm Lille et spécialiste de la maladie d'Alzheimer, Catherine Gallais, directrice générale de Rouge Gorge, numéro deux français de la lingerie, membre de l'AFM, et Olivier Berut, artiste et conférencier.

Le chercheur lillois a fait passer allègrement l'assistance de la soupe prébiotique flanquée de molécules carbonées il y a 4 milliards d'années à l'apparition des bactéries, de l'oxygène, des êtres plus complexes, de la lactation et de la bipédie, évoquant l'évolution permanente du génome, avec ses 3 milliards de bases, sous formes des lettres A, T, C et G composant l'ADN. « Le génome passe son temps à changer, d'une génération à l'autre ». Jusqu'où peut-on pousser la comparaison avec l'entreprise ? « L'entreprise a son histoire, sa philosophie. Elle s'adapte aussi à ses macro et micro-environnements. Elle est proactive », contrairement aux êtres vivants, distingue Jean-Charles Lambert.

Colonne vertébrale

Catherine Gallais, dirigeante de Rouge Gorge (255 magasins en France et Bel- gique, 600 salariés, 1,2 million de clientes) a focalisé son témoignage sur la crise Covid, « avec un maître mot, l'adaptation ! » Après « la première claque », le classement administratif en « non essentiel », très mal vécu, l'entreprise a rapidement réagi, sans savoir combien de temps tout cela du rerait. « Apprendre à piloter sans visibilité est un élément d'adaptation extrêmement élevé. Entre le premier, le deuxième et le troisième confinement, on avait beaucoup appris, on s'était beaucoup organisé, on avait beaucoup interagi avec notre environnement », raconte Catherine Gallais. Avec en parallèle une priorité mise dans le sens donné aux collaborateurs et leur réassurance. « Quand il n'y avait plus de business, il fallait rassurer ! » Digital, relation avec les clientes, télétravail, attentes RSE des collaborateurs comme des clientes, Rouge Gorge a évolué fortement sur la période. Catherine Gallais tire de cette expérience deux grandes leçons : « il faut avoir une colonne vertébrale, ce pourquoi on existe, pour nous , c'est ce qu'on veut apporter aux femmes. Et il a fallu faire preuve d'agilité. Le monde d'après est fait de plein d'imprévus, qui sera la norme de demain ». Olivier Berut, artiste et dirigeant de « On peut parfaire le monde » a conclu la soirée avec humour et poésie, retenant les caractéristiques de la complexité analysée par Edgar Morin : l'imprévisibilité, la contradiction et l'émergence. « Dans un monde qui nous lance des défis majeurs, devant les inéluctables qu'on nous assigne en permanence, le premier conseil c'est de prendre soin des parties prenantes. Il faut être en forme ! »