Déploiement de l'IA : Oui mais avec méthode, et après analyse du ROI !

"Faire de l’IA pour faire de l’IA ne rapportera rien, et coûtera au contraire très cher, tant financièrement pour l’entreprise, que pour la planète."

Publié le 03/02/2025 par Bignon Lebray / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

Benjamin Mourot, avocat associé Bignon Lebray
Benjamin Mourot, avocat associé Bignon Lebray

Quel DSI n’a pas entendu, en 2024, son dirigeant l’interroger en ces termes : « Il faut qu’on fasse de l’IA, qu’est-ce qu’on fait en IA » ? Après les voitures autonomes, les NFT et le métavers, l’année 2025 sera l’année du déploiement généralisé de l’IA au sein des ETI et des PME. Gartner ne s’y trompe pas et plaçait en juin 2024 l’IA générative au second stade de maturité – le Sommet des attentes surdimensionnées (« Peak of Inflated Expectations ») – avant son passage au stade suivant – le Creux des désillusions (« Trough of Disillusionment »). Tel sera l’enjeu en 2025 : réussir son déploiement de l’IA.

Dans ce contexte, il est opportun de rappeler quelques principes élémentaires des projets informatiques – car oui, le déploiement de l’IA est un projet informatique et doit être conduit en tant que tel. Rappelons tout d’abord que statistiquement, seuls 35% des projets informatiques en entreprise aboutissent dans le calendrier et le budget initialement fixés. Quant aux 65% restants, pour une grosse moitié d’entre eux, la société se trouvera face à un écart de calendrier ou de budget, et pour l’autre moitié ils seront purement et simplement abandonnés. Alors méfiance, dans ce contexte de hype de l’IA, lorsque s’approcheront de prétendus coachs et spécialistes de l’IA... qui ont été tour à tour spécialistes du RGPD, du métavers, et plus récemment de la conformité à NIS2. Le déploiement de l’IA dans une entreprise doit rester ce qu’il est : un projet informatique à placer entre les mains de professionnels qui maîtrisent les méthodologies projet, et particulièrement la conduite du changement. Par ailleurs, comme tout projet informatique, le lancement ne pourra être réalisé sans étude préalable de retour sur investissement. Faire de l’IA pour faire de l’IA ne rapportera rien, et coûtera au contraire très cher, tant financièrement pour l’entreprise, que pour la planète. Rappelons à ce titre que le traitement des requêtes sur les moteurs d’IA est extrêmement gourmand en énergie. Microsoft a récemment annoncé son intention de relancer la production au sein de la tristement célèbre centrale nucléaire américaine de Three Mile Island, notamment pour répondre à ses besoins d’électricité au sein de ses datacenters d’IA. Les utilisateurs devront en être informés.

Dans ce contexte, on ne peut que conseiller de s’interroger sur l’opportunité du déploiement d’une solution d’IA acquise « sur étagère », sans détection préalable des besoins de l’entreprise, ni formation approfondie des utilisateurs.