David Van Laecke défriche les chemins de l'entreprise libérée

L'entrepreneur isarien pilote cinq sociétés informatiques dont la plus importante est Turn Key Solution, dans l'Oise. Soit une vingtaine de salariés auxquels il a laissé la conduite des affaires pendant cinq ans pour parcourir les grands espaces américains

Publié le 25/02/2021 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 4 minutes

L'entrepreneur isarien pilote cinq sociétés informatiques dont la plus importante est Turn Key Solution, dans l'Oise. Soit une vingtaine de salariés auxquels il a laissé la conduite des affaires pendant cinq ans pour parcourir les grands espaces américains.

La vie de David Van Laecke ressemble à un roman. Militaire, chef d’entreprise, écrivain et aventurier... Cet apôtre de l’entreprise libérée a décidé de vivre pleinement, ne se laissant guider que par son instinct, son goût des grands espaces et la liberté. Rien ne semblait prédestiner ce natif d’Hazebrouck, titulaire d’un DEA en Economie de l’université de Grenoble, à devenir un apôtre de la « freedom-form company », multipliant les conférences sur ce thème avec Tony Hsieh, l’ex-patron de Zappos, une filiale d’Amazon dédiée à la vente de chaussures en ligne. La première voie que choisit David Van Laecke est celle du Drapeau : huit années passées dans les troupes de marine et les chasseurs alpins. L’Afghanistan et un entraînement avec les fameux Neavy Seals l’amènent aux Etats-Unis ; un choc pour ce fils d’ouvrier des Flandres, qui découvre l’immensité des paysages et la beauté de la faune sauvage. David Van Laecke décide de quitter l’armée et de créer sa propre affaire, en France, où ses projets rencontrent un accueil peu enthousiaste. «Fils d’ouvrier, ancien militaire... autant dire que les banquiers ont été pour le moins réservés », se remémore le dirigeant, aujourd’hui à la tête de 5 entreprises d’informatique toutes basées dans les Hauts-de-France, la principale d’entre elles étant Turn Key Solution (TKS) à Etouy, dans l’Oise. L’entrepreneur cherche des conseils et, avant tout, une oreille à l’écoute de ses envies. Il les trouvera auprès de CJD Sud Oise auquel «il doit presque tout », avoue-t-il. Au fil des échanges, il découvre en effet le concept « d’entreprise libérée », popularisé en France par l'ouvrage Liberté & Cie d'Isaac Getz et Brian M. Carney. Le principe est simple : la structure pyramidale traditionnelle, source de déresponsabilisation, empêche le plein accomplissement du projet d’entreprise. Mais encore faut-il en avoir un.

Sitôt dit, sitôt fait. David Van Laecke fait appel à un coach qui, durant un an et demi, travaille avec la vingtaine de salariés à la définition de leur vision, de leur projet d’entreprise. Le boss se tient volontairement à l’écart des échanges. Pas question d’influencer la réflexion avec ses propres conceptions.«Ce n’est pas facile, il faut accepter de tout lâcher, de faire confiance », confie le dirigeant. Il décide de retenir le plan imaginé par ses collaborateurs. Lui a déjà son idée en tête : leur laisser les rênes durant cinq ans pour aller vivre l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique. «De telles responsabilités impliquent une gratification à la hauteur des enjeux. c’est pourquoi nous avons décidé que les bénéfices seraient réinvestis pour moitié et, pour moitié, redistribués à parts égales. Les résultats ont été une croissance de 15% en 2018, de 30% en 2019, soit un chiffre d’affaires de 2 M€ au total », détaille David Van Laecke. Lui ne consacre plus que 15 minutes, chaque lundi, à l’analyse des chiffres. « Un luxe infini », lâche le dirigeant, déjà occupé à un autre défi. Avec sa femme, il a fait le pari de réaliser le tour des 63 parcs nationaux américains. Ensemble, ils marchent 6 à 7 heures par jour, soit une vingtaine de kilomètres, en moyenne, au milieu d’une nature à couper le souffle. De cette expérience de « réensauvagement », l’aventurier tirera un ouvrage, L’enfant du dehors, ainsi qu’un guide de randonnées baptisé provisoirement 63 national parks. 5 ans, 5000 randonnées. Il créera aussi une entreprise dédiée à l’accompagnement de super VIP dans ce monde sauvage, où il n’est pas rare de tomber nez à nez avec un ours. A quelques semaines de son retour en France, le couple compte bien poursuivre l’aventure avec pour nouveau défi le tour des 399 parcs européens. « Nous commencerons par le Portugal, dès que la situation sani- taire le permettra », annonce David Van Laecke, qui compte réintégrer son groupe. Mais aussi le CJD afin de « redonner un peu de ce que cette structure m’a apporté et transmettre mon expérience, même si en France, « entreprise libérée » est devenu un gros mot »