Biodéchets : en produire moins, les valoriser mieux

L'ensemble des acteurs économiques sera concerné par le tri à la source des déchets organiques à partir du 1er janvier 2024. Quelles réponses apporter ?

Publié le 29/03/2023 par Equipe Eco121 / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Le citoyen est sensibilisé depuis longtemps au geste de tri de ses déchets organiques. Les entreprises un peu moins. Si les producteurs de plus de 10 tonnes de biodéchets par an avaient obligation de trier et valoriser depuis la loi Grenelle 2 du 12/07/2010, seuil descendu à 5 tonnes par la loi AGEC du 10/02/2020, c'est l'ensemble des acteurs économiques qui sera concerné par le tri à la source à partir du 1er janvier 2024. « Ce sont de nouvelles habitudes à intégrer dans le monde de l'entreprise, que beaucoup ont déjà anticipées. Si le geste de tri pour les recyclables (emballages, papiers...) est mis en oeuvre en revanche pour les biodéchets les pratiques doivent être davantage développées. Le plus difficile est de définir qui va collecter et traiter », analyse Marie Tison, coordinatrice du pôle Economie circulaire à l'ADEME (marie.tison@ademe.fr). Si l'obligation est générale, elle concerne particulièrement les entreprises de restauration collective, les restaurants et traiteurs, les distributeurs et producteurs de denrées alimentaires.

La valorisation passe pour l'essentiel par deux voies, la méthanisation et le compostage. Les unités de méthanisation se sont développées dans les Hauts-de-France pour atteindre aujourd'hui 158 unités, avec une dominante très agricole. « On demande aujourd'hui aux porteurs de projets que nous accompagnons d'étudier le gisement de biodéchets aux alentours, notamment en collaboration avec les collectivités ou les industriels. Le fonctionnement global d'une unité de méthanisation doit intégrer une approche d'économie locale et circulaire valorisant en priorité les déchets du territoire dont les déchets alimentaire», pointe Marie Tison. De surcroît, les biodéchets ont un pouvoir méthanogène intéressant en complément des autres intrants pour garantir un biogaz de qualité.

Ce cercle vertueux a déjà été mis en place dans des opérations exemplaires à l'exemple d'Agriflandres (lire ci-dessous), en partenariat avec Bonduelle. Côté compostage, des dispositifs se mettent en place comme NordCompost (lire ci-dessous) dont le modèle pourra se dupliquer. Un projet est déjà en cours à Roubaix, un autre en perspective à Valenciennes.

Mais au-delà de cette valorisation, l'ADEME préconise aussi la prévention, par la réduction des gaspillages dans une approche collective et territoriale. Une préoccupation de sobriété qui rencontre un intérêt grandissant des acteurs économiques dans le contexte d'inflation des coûts voire des difficultés d'approvisionnement.

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Pour en savoir plus sur les aides de l’ADEME https://agirpourlatransition.ademe.fr

Compostage micro-industriel
La société Nord Compost a mis en service en janvier 2022 une première unité micro-industrielle de compostage (UMIC) de biodéchets à Santes. Agréée pour l'hygiénisation et le compostage des sous-produits animaux, l'installation offre une solution pour les acteurs économiques soumis à de nouvelles obligations en terme de valorisation de leurs biodéchets. Elle prend le relais d'un démonstrateur situé à Saint-Sauveur et permet de monter en puissance : d'ici la fin 2025, Nord Compost prévoit de mettre en place 5 UMIC, soit un potentiel de 3 650 tonnes (équivalent à 5% de la production des ménages et des professionnels sur la métropole lilloise), et la production parallèle de près de 2 000 tonnes de compost et 200 ha de terres amendées.

Agriflandre Energie
« hygiénise » Agriflandre Energie est une SARL basée à Renescure, qui exploite une unité de méthanisation en cogénération depuis 2014, notamment à partir des déchets de légumes des usines voisines Bonduelle et Wostin. Elle franchit une nouvelle étape en implantant une unité de déconditionnement et d'hygiénisation. Il s'agit dans un premier temps de séparer la partie organique du contenant. La seconde étape consiste à hygiéniser la partie organique (pour des raisons sanitaires) de façon à les incorporer dans le méthaniseur.

Appel à projet recyclage matière
L'ADEME lance un appel à projet« ORMAT » (Objectif Recyclage MATières), à travers son fonds Economie circulaire. Objectif : soutenir financièrement la production de matières premières de recyclage (MPR) et leur incorporation dans leurs produits par les transformateurs et metteurs en marchés. L'appel à projet s'adresse donc notamment aux préparateurs en charge du sur-tri et de la préparation des déchets après leur collecte et premier tri, aux régénérateurs ou recycleurs,aux transformateurs voulant incorporer des MPR dans leur produits. Deux échéances sont prévues, le 1er juin et le 2 octobre. Toutes les infos sur https://agirpourlatransition.ademe.fr/ entreprises/aides-financieres/ Contacts : camille.bouvet@ademe.fr (plastiques) et francois.humbert@ademe.fr (autres filières)