Accepter l'ingratitude

Une tribune d'Alexis Roquette, directeur associé de Quintesens.

Publié le 02/12/2024 par Cabinet QuinteSens / Lecture libre / Temps estimé: 2 minutes

"Ne faites jamais le bien si vous n’êtes pas préparés à l’ingratitude." Cette citation attribuée à Enzo Ferrari résonne particulièrement dans mon esprit.
En effet, la vraie bienveillance, l’authentique, celle qui ne souffre pas de compromission, n’existe que si l’on n’en attend rien en retour. Qu’elle est difficile cette authentique bienveillance, qu’il est compliqué de ne pas secrètement en attendre un bénéfice sous quelque forme que ce soit. Qui n’a pas souhaité faire le bien pour obtenir une faveur, un cadeau ou un retour d’ascenseur ?

Faire le bien va même plus loin, jusqu’à accepter l’ingratitude. J’ai été confronté, comme beaucoup d’entre nous, à de l’ingratitude, elle a généré chez moi de la colère et de l’aigreur. Elle a nécessité une vraie prise de recul et une digestion longue et désagréable. J’ai songé à me venger, et j’y ai finalement renoncé.

Puis est venu le temps de l’acceptation avec une remise en cause de ma capacité à être authentiquement bienveillant. Ne pas me raconter d’histoire, cela en disait long sur mon besoin de reconnaissance. Cela a représenté une bonne claque à toutes mes certitudes, que je pensais être des convictions éclairées.

Si la bienveillance va jusqu’à accepter l’ingratitude, elle peut être encouragée en la couplant à l’affirmation de soi. Celle qui consiste à exprimer ses droits et ses convictions tout en respectant l’intégrité de l’autre. Etre assertif est une belle expression du courage sous toutes ses formes : courage de relation, courage de situation, courage managérial.

Car la bienveillance est tout sauf de la mièvrerie ou du renoncement. Elle reflète le courage d’être soi et de vouloir le bien pour l’autre. Cela n’est jamais acquis car nos vies nous bousculent et nous interpellent. Elles ne nous ménagent pas et nous mettent à l’épreuve. Favoriser le bien passe parfois par de vraies confrontations, pour ne pas dire des affrontements. La colère, qui répond à un besoin de justice et d’équité, est une alliée lorsqu’elle ne nous submerge plus.

Nous pourrions parler de bienveillance lucide, pour réconcilier l’envie de faire le bien et être préparés à tous les scé- narii, même les plus désagréables. Accepter l’ingratitude est probablement le parcours d’une vie. Un chemin semé d’embuches, de retours en arrière et de quelques joies éclatantes. En route !