Numéro#151

Publié le 02/06/2025

L'édito

Ecoutons nos capitaines d’industrie !

Ce mois-ci, laissons la plume éditoriale à nos grands patrons français. Depuis maintenant plusieurs mois, ceux qui restent traditionnellement discrets et cantonnés à leur univers prennent la parole, car la situation leur apparaît hautement préoccupante. Florent Menigaux fut l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme devant le Sénat. Le patron de Michelin pointait le coût salarial en France (142 € versés par l’employeur pour 77,5 perçus par le salarié), une énergie deux fois plus chère qu’aux USA, des impôts de production deux fois supérieurs à la moyenne européenne, un maquis réglementaire européen qui se transforme en « cauchemar administratif ». Luc Rémont, ex pdg d’EDF, estimait lui que « c’est l’enfer d’investir en France (...) pour des raisons réglementaires ». Patrick Pouyanné, son homologue de TotalEnergies, dénonçait le rendement trop faible des investissements : « ça, c’est un problème d’espace, un problème de réglementation, un problème de volonté collective ». Le patron d’Airbus, Guillaume Faury, déplore la complexité des régulations européenne et française. « On risque de voir beaucoup d’entreprises aller faire ce qu’elles savent faire ailleurs, parce que cela devient invivable ». John Enkann, président de Stellantis, évoque « dans les trois ans qui viennent des décisions douloureuses pour l’appareil de production » si rien ne change, dans une tribune commune avec Luca di Meo (Renault), appelant à plus de flexibilité réglementaire face à la concurrence chinoise.

Frédéric Gauchet, président de France Chimie, juge que la filière est entrée « en zone rouge » du fait notamment du prix de l’électricité mais aussi « d’une fiscalité anormalement élevée » sur l’industrie française. Pascal Boulanger, président de la fédération des promoteurs immobiliers, en appelle à une pause réglementaire urgente quand son homologue du bâtiment, Olivier Salleron, juge que « nos entreprises suffoquent sous le poids d’une réglementation toujours plus complexe ». Les deux présidents de fédération estiment que leurs deux filières confondues risquent de perdre 300 000 emplois.

Allo, le gouvernement ?

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