Luc Doublet : « Les hommes assis sont des hommes morts »

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France

L'international, qui est une évidence pour les groupes, est-il également une solution de relais de croissance pour une petite entreprise ?

Ma mère me disait : « les hommes assis sont des hommes morts ». L'international a deux vertus. La première, c'est d'ouvrir l'esprit. La seconde, c'est l'humilité ; vous n'êtes pas seul au monde. Le problème est que c'est long, cher et compliqué. Mais le profit est facteur du risque. Ceci étant, le risque est minimal car il existe plein d'aides. A CCI International, il existe une dizaine de programmes, individuels ou collectifs, le réseau EEN, des programmes d'accompagnement… Il faut aussi utiliser les services du VIE payé par l'Etat : c'est quelqu'un de jeune, formé à sa main, qui va s'occuper de l'export et qui deviendra votre bras armé sur place …

 

Alors que les trésoreries sont tendues, le coût peut être un frein…

Oui c'est cher. Mais il y a Oseo, il y a Cadrexport, il y a des aides. C'est compliqué aussi ; mais quand vous avez mis en place un VIE et une procédure, vous en tirez un bénéfice immédiat. Tout ceci oblige à une mise en cohérence. Il faut s'adapter aux contraintes du marché. Dans mon entreprise, j'ai adapté mes drapeaux avec des systèmes d'œillets pour attaquer le marché américain.

 

L'export dans l'industrie, d'accord, mais dans les services ?

Mais dans les services, vous avez des tas d'entreprises internationales qui vont sur vos plates-bandes. Il faut s'appuyer sur les jeunes d'un côté et de l'autre sur des seniors qui ont déjà exporté, qui ont de l'expérience. L'export, c'est fun ! Et celui qui ne veut pas se lancer prend le risque de mourir.

 

La région s'était fixé l'objectif de doubler les entreprises exportatrices. Sentez-vous un mouvement dans ce sens ?

Oui. Futurallia doit nous permettre de découvrir de nouveaux primo-exportateurs, mais aussi de renforcer les petits exportateurs pour en faire des gros. Il s'agit aussi de procéder par benchmarking, pour accélérer le mouvement de fond. Nous sommes l'endroit de France où il y a le plus d'export ne dépendant pas de grands groupes, ce sont environ 35% d'entreprises exportatrices en solo. C'est aussi la région qui a proportionnellement le plus de VIE, hors Ile-de-France.

 

Il y a export et export, faut-il choisir la Belgique ou les BRICs ?

Il faut aller chercher les BRICs là où il y a le ciment, là où il y a un marché. Mais le grand large coûte cher, et il faut éviter les modes managériales, mais plutôt agir en fonction des intérêts de l'entreprise. Par exemple, le Brésil, c'est très bien mais il y a de gros droits de douane. Pour y aller, mieux vaut créer une filiale. La Russie ? Il existe des mafias, c'est souvent compliqué. L'Inde ? Il n'y a pas plus compliqué ! La Chine ? Il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui gagnent de l'argent là-bas. En revanche, il faut aller aux USA ! C'est un marché énorme. Vous avez aussi le Moyen-Orient, que nous avons laissé aux Anglais, mais qui est demandeur.

 

Quelles sont les priorités de CCI International ?

C'est le grand large d'un côté, et le développement des primo-exportateurs. Nous menons des missions et nous créons des clubs. Un premier club PECO marche déjà très bien, nous en préparons un sur l'Asie du Sud-Est. Et nous avons nos missions collectives qui constituent un réel effet d'entraînement. Je souhaiterais aussi créer un label du Nord-Pas-de-Calais, car nous sommes à nul autre pareils. Nous avons nos valeurs, nos réseaux, très différents du reste de la France. Nous sommes un peu dans le capitalisme rhénan. Et nous avons un avantage compétitif, celui d'une empreinte carbone moins élevée. La région est comme un Etat : nous gérons deux mers, trois ports, six universités, une frontière, il y a eu les mines , la sidérurgie, le textile, nous avons la pêche et l'agriculture. Et nos jeunes ne rêvent que d'aller à l'étranger. Il y a là un formidable potentiel.

 

Ce label, vous le voyez comment ?

Les beffrois, ça n'existe qu'ici, on doit s'en servir ! On peut imaginer de créer des boîtes en forme de beffroi avec des friandises régionales, des objets. Il faut faire du marketing territorial.

Recueilli par O.D.

Photo © Richard Baron Light Motiv

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