Hubert du Mesnil, président de RFF

RFF a été créé pour porter la dette de la Sncf. Ce boulet n'entrave-t-il pas les investissements ?
Nous avons hérité en 1997 de cette dette de 20 Mds d'€ qui est toujours là et qui nous coûte toujours les intérêts. En même temps, nos missions consistent à rénover un réseau vieillissant, soit 2 Mds d'€ par an, et à financer les projets de développement dont les lignes à grande vitesse. Depuis deux ou trois ans, l'effort a été très important. Nous y sommes parvenus grâce aux subventions publiques de l'Etat et des régions. La question se pose à présent de savoir à quelle hauteur ils pourront se poursuivre dans les années qui viennent. Cela dans un contexte où les taux d'intérêt commencent à remonter. Notre recommandation, si on ne peut plus tout faire, c'est d'accorder la priorité à la rénovation du réseau existant. Il faut encore dix ans d'effort pour avoir un réseau moderne et performant.

La hausse continue des péages dus à RFF est de plus en plus dénoncée comme contraire au développement du ferroviaire, et dégradant les comptes, notamment du TGV Nord...
Le péage, c'est la rémunération de l'infrastructure. Ces fonds permettent d'investir, ils financent le réseau national dans une logique de péréquation. Comme pour les autoroutes, ceux qui paient se plaignent. C'est un débat naturel et contradictoire. Si le TGV Nord perd de l'argent, il ne faut pas uniquement considérer le péage, mais l'ensemble des charges : les salaires, le matériel, les impôts, etc. Les péages du Nord ne sont pas les plus élevés, car c'est une ligne courte, ceux du Sud-Est sont sensiblement plus élevés. Depuis un an, l'Etat a institué une autorité régulatrice qui, en dernier ressort, établit les prix. C'est un juge de paix.

Deux dossiers régionaux pour finir : où en est l'âpre négociation sur Saint-Sauveur avec la mairie de Lille et comment jugez-vous le centre d'essais Railenium ?
Railenium, c'est un superbe projet dans lequel nous sommes totalement engagés au côté du Conseil régional et que nous défendons avec les industriels pour pouvoir gagner le statut d'institut de recherche technologique. Pour Saint-Sauveur, nous sommes vendeurs ! Nous avons fait inter- venir le service des Domaines. Nous nous mettrons d'accord, nous suivrons la recommandation de l'Etat. Mais j'insiste encore : l'argent que l'on récupérera sera entièrement versé au réseau.