Extinction des feux pour Cire and Shine

Retour en arrière. Il y a deux ans naissait la société Vanber et son offre commerciale Cire and Shine. Créée par le DG et le directeur commercial de la fabrique de machines industrielles Lemaire, l’entreprise avait conçu un cirage de qualité, traditionnel et 100% made in France. Le projet avait convaincu, et obtenu de larges soutiens financiers : 130 K€ d’Oséo, montée au capital de l’IRD et d’Inovam à hauteur de 160 K€, et apport de Michelin de 430 K€. Hélas, le gage de qualité n’a pas été suffisant. «  On a voulu s’asseoir sur une qualité à laquelle les gens ne sont plus sensibles. Le produit n’a pas su offrir le niveau de marge exigé par la grande distribution. Et les cordonniers haut de gamme n’ont pas réussi à le vendre non plus  », regrette Frédéric Bernard. A l’inverse de l’Asie, où être bien chaussé est un signe important de niveau social et d’éducation, la France aurait perdu la culture du cuir.
Les consommateurs préféreraient des lingettes imprégnées, pourtant mauvaises pour le cuir et l’environnement. Dans leur malheur, les créateurs se réconfortent de n'avoir pas eu à licencier, n’ayant pas recruté,  mais aussi à ne pas laisser d’impayés. «  Nos soutiens ont été remarquables, nombres d’entre eux prennent les pertes à leur charge, nous leur en sommes très reconnaissants  », poursuit-il. Leur banque aurait été moins compréhensive, et leur serait tombée dessus «  comme sur des repris de justice  ». Cette liquidation illustre une réelle difficulté à commercialiser des produits de qualité dans la région, et plus largement à entreprendre. Las, le dirigeant liste les difficultés croissantes des Pme  : de la baisse du crédit impôt recherche aux rigidités du droit du travail. «  La France a besoin d’être relancée, mais je n’embauche pas tellement c’est coûteux et risqué, or le but d’une entreprise est avant tout cela, de recruter  !  », se lamente Frédéric Bernard, pour lequel la France est arrivée au bout d’un système.  

Marie Raimbault