Somepic usine en haute précision
 au milieu des champs

La gagnante du Trophée Pépite des Territoires est un champion caché de l’économie régionale. Somepic travaille pour les plus grands noms de l’aéronautique sur des pièces en petite série, de très haute précision.Découverte.

Publié le 11/07/2025 par Olivier Ducuing / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Nous sommes à Bouzincourt. Au milieu des prairies, des troupeaux et du paysage vallonné et bucolique de la haute Picardie, qui pourrait croire qu’un grand bâtiment joliment ondulé héberge un fleuron industriel régional? C’est pourtant le cas: les pièces usinées dans ce site font chaque jour le tour du monde à bord des Airbus, Rafale et autres Bombardier. Il s’agit de petites séries sur mesure de 10 à 200 pièces, avec des niveaux d’exigence très élevée, réalisées par enlèvement de matière à partir de blocs de titane, d’alu ou d’inox, par exemple. Somepic Technologie (pour Société MEcanique de PICardie) est née en 1961. Aline Doyen en préside les destinées depuis 2003, à la suite de son père qui avait racheté la société dont il était lui-même le premier salarié. Somepic a conservé une dimension très familiale que revendique Aline Doyen, a fortiori dans un territoire rural plutôt isolé. A la fois pour fidéliser le lien avec les équipes, dont certains ont 37 voire 39 ans d’ancienneté, mais aussi vis-à-vis de sa trentaine de grands clients. «Ils donnent de la valeur à des entreprises familiales car ils savent qu’elles s’inscrivent dans la durée et pas pour faire des coups, qu’elles sont enracinées», décrit la dirigeante qui chérit la devise de Jean de La Fontaine : « On a toujours besoin d’un plus petit que soi ». 
Les opérateurs s’activent autour de robots d’usinage et de tournage sous commande numérique. La dernière machine rentrée il a quelques mois associe un bras robotisé et une unité d’usinage, pour un investissement de plus d’un million d’euros. Mais elle jouxte aussi des ouvriers qui procèdent manuellement à des opérations de finition sur les pièces, avec un savoir-faire que viennent acquérir ici beaucoup d’apprentis: 10% des 90 salariés sont apprentis et le quart des effectifs a intégré l’entreprise par cette voie que vante Aline Doyen.
La dirigeante, longtemps présidente du cluster aéronautique régional Altytud, prend régulièrement son bâton de pèlerin pour sensibiliser les jeunes mais aussi les professeurs principaux et des proviseurs à l’univers industriel. Elle a du reste une relation privilégiée avec le lycée technique d’Albert-Méaulte, le territoire qui héberge l’Aéropôle (parc d’activités aéronautique et industriel) et son principal acteur, Airbus, qui y produit les nez de ses appareils.


Pas de croissance à outrance


Quand le covid a mis la filière à genoux, Somepic a vu son chiffre d’affaires piquer du nez pour tomber à 4,8 M€. Il s’est depuis plus que redressé, au rythme du rebond de l’aérien pour avoisiner les 14 M€ cette année. Mais pour s’affranchir d’une trop grande dépendance vis-à-vis du secteur, Aline Doyen, qui a ouvert l’entreprise dès 2013 à des administrateurs indépendants, mise sur une diversification vers le domaine de la Défense. Elle vient en outre d’acquérir une machine d’occasion pour tester des séries pilotes afin de répondre à de nouvelles sollicitations. «Avant nous le faisions sur nos lignes normales, et cela ralentissait la production», décrit-elle. Mais la capitaine d’industrie prévient. «Je ne veux pas d’une stratégie de croissance à outrance. Je préfère la croissance tranquille». Presque un slogan présidentiel.

Les autres nominés
Pépite des territoires
Argent : Siccanor (Douchy-les-Mines), entreprise de chimie fine, fabricant de molécules organo-métalliques. 500 tonnes produites
par an. 93% du chiffre d’affaires à l’international. 
Bronze : Alobat Habitat (Bapaume), construction, rénovation
et aménagement intérieur, transformateur de résine de synthèse
(LG Hi Macs). Développement d’un atelier de production en Guadeloupe.