NeoCem divise par 9 
l’empreinte carbone du ciment

La start up industrielle vient tout juste de mettre en production une cimenterie d’un nouveau genre. Sa technologie d’économie circulaire, développée dans l’Oise à partir d’argiles «flash calcinées», abat de façon spectaculaire les émissions de CO2.Un procédé duplicable partout sur la planète.

Publié le 11/07/2025 par Olivier Ducuing / Lecture libre / Temps estimé: 3 minutes

Transformer des argiles souterraines issues d’excavations de chantier en matière première bas carbone pour du liant cimentier. C’est le pari un peu fou de NeoCem, jeune société créée en 2022 au terme de 7 ans de 
R & D par Benjamin Constant et Christophe Deboffe, déjà associés au sein du groupe d’ingénierie environnementale NéoEco (Hallennes-lez-Haubourdin). Une structure qui a déjà réussi à développer de nombreuses filières de valorisation de déchets. Les deux amis se sont lancés cette fois dans un défi de taille, et fort gourmand en capital. L’idée sur le papier est simple: il s’agit, par un procédé de «flash calcination», de porter à très haute température mais sur une durée très courte l’argile pour la transformer en liant cimentier très bas carbone, mais avec les mêmes performances mécaniques. Avec pour conséquence majeure une empreinte neuf fois moins carbonée que le ciment classique: 95 kilos de CO2 contre 822 pour le ciment conventionnel. Lorsqu’on sait que le ciment, deuxième ressource la plus consommée sur la planète après l’eau, compte pour 7 à 8% des émissions mondiales de CO2, l’enjeu est absolument colossal. La ressource, elle, n’est pas inépuisable mais presque. Si les argiles éligibles pour devenir du liant cimentier sont bien spécifiques, la planète en regorge. «On en trouve même en Arabie Saoudite», sourit Benjamin Constant, qui revendique une quinzaine de «conversations» à l’étranger. Car le projet a vocation naturelle à être dupliqué. Il le sera d’abord en France. «Dans notre vision, on a conscience que le projet est sur un marché gigantesque. Ce sont 40 milliards de mètres cubes de béton qui sont coulés chaque année sur la Terre!»



La première usine vient tout juste d’entrer en production il y a quelques jours à Saint-Maximin (Oise), non loin du château de Chantilly, dans une ancienne carrière en réhabilitation. Elle aura requis 23 M€ d’investissement. Et des levées de fonds substantielles, parmi lesquelles Rev3 Capital, Nord France Amorçage ou encore CB Green. 



Crédits carbone d’évitement


Pour pousser jusqu’au bout la logique d’économie circulaire de ce projet labellisé France 2030, les dirigeants ont choisi de réutiliser tout un bâtiment industriel déconstruit à Bousbecque, dans la périphérie de Lille, pour le rébâtir dans l’Oise. Sans surcoût, car c’est l’une des marques de fabrique de NéoEco de ne se lancer que lorsque la viabilité economique est assurée. Du reste, le modèle économique de NeoCem devrait être amélioré les prochaines années par la possibilité d’émettre des crédits carbone d’évitement. De quoi, selon les dirigeants, atteindre la rentabilité de l’investissement 20 à 40% plus rapidement, et d’accélérer l’essaimage industriel. 
En attendant, il reste à NeoCem à monter en production, avec un objectif de 100 000 tonnes par an. L’entreprise, qui emploie 20 personnes, devrait générer un chiffre d’affaires de quelque 15 M€ en 2027.

Les autres nominés
Décarbonation 
Argent : Moulins d’Ascq (Villeneuve-d’Ascq), brasseur biologique, très engagé dans une démarche écoresponsable depuis l’origine et désormais vers l’économie circulaire et l’agriculture régénérative.
Bronze : Transports Inglard (Aire-sur-la-Lys), transport de personnes. Actions multiples pour réduire l’empreinte carbone dont le lancement d’un premier autocar rétrofité 100% électrique en 2025.