InBrain Pharma prête à révolutionner le traitement contre Parkinson

C’est la maladie neurologique à la croissance la plus rapide au monde. Parkinson touche 10 millions de personnes, un chiffre en nette progression ces dix dernières années. Une entreprise régionale, InBrain Pharma, pourrait bien jouer un rôle majeur dans la lutte contre cette pathologie. 
Sur le parc Eurasanté à Loos, la jeune biopharma met au point un traitement sans équivalent d’administration de dopamine en anaérobie (A-dopamine) par perfusion intra-cérébrale continue, précise et contrôlée. Contrairement à la dopamine disponible dans les pharmacies hospitalières, celle d’InBrain Pharma, produite au CHU de Lille, est hautement concentrée, et fabriquée sans oxygène ni excipient. Cette formulation comme son mode d’administration sont protégés jusqu’en 2048 par deux familles de brevets et de multiples certifications.

L’entreprise entend révolutionner l’ère de la médecine personnalisée pour les maladies neurodégénératives. Pour l’heure, elle se focalise sur les parkinsoniens au stade avancé, dont les voies de prise en charge actuelles n’offrent plus de satisfaction. Depuis 60 ans, la maladie de Parkinson est traitée par lévodopa administrée par voie orale. Quand cela ne suffit plus, les patients la reçoivent en sous-cutané ou se tournent vers la thérapie assistée sans médicament, comme la pose d’électrodes pour la stimulation cérébrale profonde. InBrain Pharma propose une troisième voie qui, à l’inverse de la lévodopa, ne provoque pas de mouvements involontaires anormaux. Mieux, elle améliorerait considérablement le handicap moteur, la qualité de vie, sans altérer la marche, la parole et le handicap émotionnel, assure l’entreprise.

« Les traitements historiques ne me paraissaient pas suffisamment efficaces et confortables pour les patients », explique le Pr David Devos, neurologue et pharmacologue de l’Université de Lille, qui a initié les recherches dès 2004.


Essais internationaux

Ces dernières ont été boostées lorsque lui et son épouse Caroline Moreau, docteur et professeur de neurologie au CHU de Lille, rencontrent Matthieu Fisichella, docteur-ingénieur en biologie à la SATT Nord. La société d’accélération les aidera à financer brevets et preuves de concept. En 2018, après deux ans d’incubation à Eurasanté, les trois scientifiques créent officiellement la société. Et lèvent la même année 5 M€ dont 2,1 M€ de Finovam et NFA. Depuis, elle reçoit un vif soutien de l’écosystème, de la Région et du gouvernement, notamment à travers Bpi et France 2030 dont elle est lauréate depuis février dernier.

« On arrive au bout de l’argent public. Maintenant, il nous faut des financements privés pour alimenter le changement d’échelle », pointe le Dr Véronique Foutel, présidente d’InBrain Pharma depuis un an. Docteur en pharmacie, et ancienne interne des Hôpitaux de Paris, sa principale mission est d’amorcer l’industrialisation du projet (avec un partenaire encore recherché) et d’assurer la production du médicament à plus grande échelle. De quoi fabriquer assez de lots pour permettre la phase 3 des essais cliniques. Les quatre dirigeants espèrent un démarrage fin 2026 - début 2027 auprès de 170 patients dans 30 centres américains et européens. Mais pour cela, il faut des fonds… beaucoup de fonds : 56 M€. Pas de quoi décourager InBrain Pharma, animée par la devise : « De défi en défi, jusqu’à la victoire finale ».

Innovation disruptive - Les autres nominés

Argent: EcoXtract (Dunkerque) Solvant végétal alternatif à l’hexane reprotoxique et neurotoxique aujourd’hui utilisé pour l’extraction d’huile. Marché mondial.

Bronze: Hemerion Therapeutics (Villeneuve-d’Ascq) Nouvelle voie thérapeutique contre le cancer (notamment le glioblastome) associant une molécule pharmaceutique et une plateforme d’illumination. Marché mondial.