Alive, plus vivant que jamais

Le prestataire technique pour l’événementiel remporte le Trophée du Rebond Eco121. Confronté à une crise sans précédent avec le covid, le groupe dirigé par Alexis Devillers a réussi à rebondir d’une manière exemplaire et à retrouver un niveau d’activité supérieur à celui de l’avant-crise. Récit.


Publié le 11/07/2025 par Yann Suty / Lecture libre / Temps estimé: 4 minutes

« C’était un scénario catastrophe», se souvient Alexis Devillers. Après une dizaine d’années de croissance organique, Alive est terrassé par le covid. Tous les événements auxquels participe le prestataire technique sont annulés ou reportés. Résultat: son chiffre d’affaires de 60 M€, avec 400 employés, fond à 19 M€ sur l’ensemble de 2020 (dont 12 M€ atteint dès mars). Si le premier confinement fut traversé sans trop de dégâts, les successions d’arrêts et de reprises donnent ensuite l’impression d’une crise sans fin. «C’est là qu’on a été moralement touchés. J’ai même pensé que notre histoire pouvait finir.»


Tout en faisant le dos rond, en «bouffant» 25 ans de trésorerie mais aussi grâce aux aides de l’Etat, Alexis Devillers prépare l’avenir car il a la conviction que «quand ça va repartir, ça va repartir fort et il faudra être prêt». Il décide d’abord de «faire tapis» comme un joueur de casino et rachète coup sur coup JMT, spécialiste du mobilier événementiel, et ARM une imprimerie spécialisée dans la signalétique basée à Tourcoing.


Création d’une école


Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est la fuite de talents. «Certains salariés ont quitté l’entreprise et découvert d’autres secteurs avec un rythme plus tranquille que l’événementiel, où nous travaillons souvent le soir et le week-end». Alexis Devillers pense qu’il n’aura pas les ressources humaines nécessaires quand l’activité repartira. Alors, il décide de créer Alive School, une école d’apprentissage pour laquelle il investit 100 K€. Il s’inspire de ce qu’avait fait chez Decathlon Michel Leclercq, «un visionnaire, qui avait toujours trois coups d’avance» et qu’Alexis Devillers considère comme son père spirituel. Alive School propose deux formations d’un an, avec un parcours consacré à l’aménagement d’espace et un autre à l’audiovisuel. Chaque année, 20 personnes sont formées. Alexis Devillers ne cache pas sa joie de voir les premiers diplômés être devenus à leur tour formateurs. La formation s’apprête à être certifiée CQP.


En 2023, le patron d’Alive procède à une augmentation de capital. IRD remet au pot, tandis que BpiFrance et Idia montent à bord. Alexis Devillers reste majoritaire avec une vingtaine de salariés. De quoi multiplier les opérations, avec la reprise de six sociétés : un traiteur (Butterfly), un spécialiste des LED (Supervision), un loueur de mobilier (Aktuel), un spécialiste des accessoires de décor (La Sceno) un loueur de chapiteaux (Provence Location), ou encore un prestataire audiovisuel (MVision). Ce qui fait dire à Alexis Devillers que son groupe né en 1995 dispose de toutes les compétences de l’événementiel, soit un modèle unique dans le secteur. Tout juste cite-t-il le besoin d’un spécialiste de la distribution électrique, en particulier pour les festivals.


Anticiper


Aujourd’hui, Alive a quasiment doublé son chiffre d’affaires d’avant covid. Il atteignait 114 M€ en 2024, avec 800 employés (équivalent temps plein). Avec l’ambition affichée de parvenir à 200 M€ en 2030. Pour cela, Alexis Devillers «essaie toujours d’avoir un coup d’avance. Je suis désormais président de la société et donc un peu en retrait de l’opérationnel. Mon rôle, c’est d’anticiper ce qui va se passer dans cinq à dix ans.» Ce passionné de VTT et d’art contemporain est en veille permanente. Y compris dans les autres secteurs, pour y dénicher de bonnes pratiques.
Il entend bien poursuivre le maillage du territoire français, notamment en Aquitaine. Ce sera par acquisitions. Il sonde le marché en attendant la bonne occasion. Ensuite, il compte dupliquer toutes les compétences d’Alive dans ses huit sites. Pour l’instant, seuls ceux de Tourcoing et de Paris réunissent toutes les expertises sous un même toit.
Une fois le maillage hexagonal achevé, l’international sera un nouveau levier de croissance. Aujourd’hui, le groupe n’a franchi les frontières qu’en Suisse (Lausanne). Il vise en particulier l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. Là aussi, Alexis Devillers envisage de procéder par croissance externe, en reprenant des entreprises déjà implantées.


Un certain nombre de ces opérations se feront peut-être sans lui. L’amoureux de Belle-Ile assure être déjà en train de préparer sa succession. D’ailleurs, il verrait bien ses salariés prendre la relève. «Je fais tout pour ne plus être indispensable. J’ai recruté des gens capés pour prendre la relève. Il faut mettre les bonnes compétences. L’une des clés de succès, c’est de recruter des meilleurs que soi et d’oser déléguer. »

Les autres nominés
 Rebond


Argent: Chicorée Leroux (Orchies). Relance et reconquête par Ghislain Lesaffre depuis le rachat en 2022
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Bronze: Critt M2A (Bruay-la-Buissière). Centre d’essais et de R & D historiquement centré sur les essais moteurs thermiques, qui a su opérer un virage stratégique vers la mobilité électrique.