Un binôme à la barre des Eaux de Saint-Amand

12 ans chez Evian, huit dans les produits laitiers frais de Danone, une expérience aux Grands Moulins de Paris après avoir conduit une société d'import-export au Japon et à Hong-Kong : le nouveau président du directoire de la Société des Eaux de Saint-Amand a du bagage. Ce Parisien de 54 ans arrive aux commandes d'un groupe qui vient de traverser une sévère période de turbulences. Rien qui puisse davantage séduire ce grand skipper devant l'éternel, qui apprécie autant la mer paisible que le gros temps. Concurrence exacerbée, retour en grâce de l'eau du robinet, pressions sur les prix, et surtout grosse incertitude sur l'actionnariat, après l'échec en 2009 d'un plan de rachat des minoritaires familiaux par Francis Chantraine du fait de la crise financière...

Bio Express
François Martin
1977
diplômé de l'Idrac
1980
entre chez Danone comme chauffeur-livreur vendeur
1990
directeur trade marketing d'Evian
1992
DG Evian hors France
1997
DG eaux minérales Danone Turquie
2001
directeur général projets Danone
2005
directeur business développement de Bic
2008
conseil développement chez VL Conseil

L'ancien dirigeant, désormais parti en retraite, aura en 25 ans considérablement développé le périmètre et la visibilité du groupe familial (100 millions d'euros de CA en 2009). Mais depuis plus d'un an, l'hypothèse d'une cession à un major de l'agroalimentaire planait, troublant le climat autour du minéralier nordiste, le spectre d'une vente brutale étant même agité par certains. Finalement, celle-ci a pu être évitée grâce à l'intervention -très inhabituelle sous cette forme - du Crédit Agricole Nord de France, qui détient désormais 43% du capital, aux côtés de la famille (35%) et de trois fonds d'investissement (21%).

Seul salarié familial

Le nouvel homme fort des Eaux de Saint Amand s'appuie aussi sur la présence de Jean-Marc Chantraine, désormais directeur financier - il est le seul membre de la famille salarié dans l'entreprise - et membre du directoire. Petit-fils du fondateur Fernand et fils de Francis, le jeune homme aux allures décontractées, tennisman dilettante, est pourtant un financier avisé, qui a traîné ses guêtres chez KPMG puis au contrôle de gestion de Bombardier avant de s'occuper de la reprise de la Sofanor, alors filiale du géant ferroviaire. Son double profil alliant rigueur financière et mémoire familiale, porteur des valeurs et du know-how est tout particulièrement adapté dans une entreprise engagée dans là la course aux moindres dixièmes de centime sur ses bouteilles. "  Je suis le skipper, Jean-Marc est le navigateur ", métaphorise François Martin, qui vient d'emménager dans le Vieux Lille, et qui espère que sa femme, consultante en ressources humaines, pourra développer ses activités en Nord-Pas-de-Calais.

Les défis du navire amandinois ne sont pas minces : industriel, pour réduire les coûts et innover, commercial, pour enrichir son offre en GMS, et international pour valoriser l'eau nordiste dans le Benelux, dans le sud de l'Angleterre et jusqu'en Allemagne. Environnemental aussi pour jouer la carte du développement durable. Le binôme amandinois entend bien tenir le cap.