Spécial Valenciennois: un territoire sur les rails de la reconquête

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22% de chômage,un urbanisme exsangue, une population engluée dans un fatalisme désespéré... tel était le sombre tableau du Valenciennois il y a 15 ans. A telle enseigne que les équipes de TF1 venues couvrir en région le Mondial de foot de 1998 se rendaient dans certaines rues très dégradées de Valenciennes pour" faire des images " supposées emblématiques de la misère sociale. L'implantation de Toyota et ses équipementiers, les investissements publics majeurs (tramway, rénovation urbaine, hôpital, stade du Hainaut...), la zone franche Neoval, la maturation des deux grandes intercos, la Porte du Hainaut et Valenciennes Métropole, ont permis de sortir de la spirale infernale. Au point que l'arrondissement, toujours très attaché à l'industrie, est le seul de l'Hexagone à n'avoir pas perdu d'emplois dans ce secteur, tandis que le taux de chômage à été réduit à 14 %. Et la fierté de la population s'incarne désormais dans un club de foot remonté en Ligue 1, même si ses résultats ne sont guère brillants pour l'heure.

Fiat laisse PSA assumer seul
Le scénario du pire peut-il à nouveau se rejouer ? L'hypothèque Sevelnord est évidemment dans tous les esprits : le départ de Fiat en 2017 de ce joint-venture avec PSA laisse le constructeur français assumer seul l'avenir de ce poids lourd industriel : à raison de 3 ou 4 postes induits par emploi industriel, au moins 10 000 emplois seraient menacés par la fin du fabricant de gros utilitaires et de monospaces. Le passé douloureux de la fin conjuguée du charbon, de la sidérurgie et du textile explique sans doute l'hypersensibilité du territoire à cette nouvelle menace. Mais si l'histoire peut bégayer, elle ne se répète pas. Une cellule de suivi et d'anticipation industrielle a été mise en place. Ensuite, Sevelnord ne résume pas à elle seule tout le secteur automobile. A quelques kilomètres d'Hordain, PSA Valenciennes (boîtes de vitesse) lance par exemple l'extension de son usine de boîtes de vitesses et de son centre de R&D, avec l'arrivée d'une soixantaine d'ingénieurs et cadres et un programme d'investissement de 220 ME.

Au-delà du cas Sevel, le Valenciennois, partagé entre deux intercommunalités très volontaristes, n'est plus dans la situation de jadis. La gouvernance, d'abord, a bien changé. Toyota est passé par là : tous les acteurs locaux, réunis avec l'Etat et son préfet ad hoc, Laurent Fiscus, ont retroussé les manches avec la réussite que l'on sait. Les deux agglos ont trouvé leur rythme tandis que la CCI du Valenciennois s'est mariée avec ses homologues d'Avesnes puis Cambrai. La CCI du Grand Hainaut, dans le top 15 français, pèse désormais dans un paysage élargi, avec une mission recentrée sur les entreprises. "Nous avons trois axes, partagés avec la plupart des présidents d'agglos : les transports terrestres, la logistique et le numérique", souligne Francis Aldebert, président de la CCI, qui inaugurait ces derniers jours le campus des formations consulaires Supinfocom à Pune, en présence de la présidente de la Fédération indienne.

Ce pôle de formation à l'image animée, au jeu vidéo et au design est devenu en 20 ans l'une des grandes forces d'attraction du Valenciennois. Le projet de parc numérique des Rives de l'Escaut et de la "Serre numérique", qui accueillera les trois écoles et des ressources importantes de développement, incarne cette ambition d'avenir. "Nous avons un objectif de 2 000 emplois en 8 ans environ, surtout dans le domaine du serious game", poursuit l'élu consulaire, président du groupe d'ingénierie Seca. La filière image est également déclinée dans l'Amandinois avec le site d'Arenberg, dédié notamment aux tournages et à la recherche.

Le ferroviaire et les transports innovants, déjà consacrés par le seul pôle de compétitivité à vocation mondiale de la région, viennent de bénéficier d'un puissant renfort avec l'institut Railenium (lire par ailleurs) et ses 500 ME de budget en 10 ans. De quoi jouer les premiers rôles dans le monde. Mais la priorité n'est pas que dans le hi-tech : les deux agglos soutiennent aussi un projet de pôle de déconstruction ferroviaire, en lien avec Hiolle ou l'acieriste LME, notamment.

Logistique : Oxylane choisit le Valencienois
Troisième volet des priorités locales : l'ambition logistique est déjà une réalité, incarnée par un club de 40 entreprises. Le canal de l'Escaut à grand gabarit place le territoire au coeur de l'Europe fluviale du Nord, avec pour débouché naturel Zeebrugge et Anvers, que le projet Seine Nord va conforter. Un port à conteneurs d'une capacité de 120 000 boîtes/an est programmé à Saint-Saulve, pour un investissement de 13 ME, sous portage consulaire. Au total, le Hainaut dispose de 800 ha de foncier économique en bord à canal. Un argument parmi d'autres qui a séduit Oxylane pour implanter un centre majeur sur la zone de Rouvignies (250 emplois à terme). Autre argument : les noeuds autoroutiers, avec une A2 vers Paris beaucoup moins congestionnée que l'A1, deviennent attractifs face à l'embolie lilloise. Des études sont par ailleurs lancées pour rouvrir au fret la liaison ferroviaire Valenciennes-Mons.

D'autres secteurs sont priorisés par les acteurs locaux comme les services à la personne (5 000 ETP dans le bassin d'emploi), la croissance verte ou, bien sûr, l'université, très impliquée dans le projet de Technopôle ou i-Trans. Mais, comme Éco121 vous le montrera par les nombreux focus ci-après, la régénérescence du territoire est protéiforme : du tourisme et du monde de la nuit aux éditeurs de logiciels en passant par la sidérurgie haut de gamme de la GTM à Denain ou les pièces en composite de Yanara, le Valenciennois croît à nouveau en son avenir. Il a bien raison.

RAILENIUM, fer de lance d'un pôle mondial
Le Valenciennois renforce son statut de capitale mondiale du ferroviaire avec l'obtention de l'Institut de recherche technologique (IRT) Railenium, le plus gros programme du Grand Emprunt qu'ait obtenu la région. Il a été officialisé le 16 novembre avec pas moins de 28 partenaires : collectivités, Etat, universités à commencer par l'UVHC, écoles et industriels. "Il faut disposer de moyens, de ressources en recherche et innovation, car cette activité est en évolution permanente, face à la concurrence internationale, avec une exigence de qualité, de sécurité, d'économie", observe Hubert du Mesnil, président de RFF, porté à la présidence de Railenium.

20 000 emplois potentiels
L'IRT agrège un programme d'investissement de 190 ME et un budget de R&D et de formation de 300 ME. Il mobilisera 135 enseignants chercheurs, 65 docteurs et 50 ingénieurs. Parmi les investissements figure la réalisation à Bachant d'un anneau d'essais d'infrastructures ferroviaires, opérationnel en 2017. Un pôle de recherche sera implanté sur le futur Technopôle de Valenciennes. La filière française, qui contrôle aujourd'hui 3 % du marché mondial, en vise 8 % à terme, avec 20 000 emplois espérés. Le ferroviaire régional représente aujourd'hui 102 entreprises - dont plusieurs poids lourds (Alstom, Bombardier, GHH), soit 9 700 emplois - organisées au sein de l'AIF Nord-Pas-de-Calais-Picardie, mais aussi des labos, des formations, l'agence Certifer et l'Agence ferroviaire européenne, à Valenciennes depuis 2005.

UN TRAMWAY MOTEUR
Présenté par la présidente de Valenciennes Métropole comme " la pièce maîtresse du développement du Valenciennois ", le tramway est en train de poursuivre son maillage du territoire. Il va s'allonger d'ici le printemps 2013 de plus de 15 km entre Valenciennes et Vieux-Condé, soit 22 stations. Cette colonne vertébrale permettra, après 19 mois de travaux, de " recréer un lien fort " dans l'ouest du territoire, exempt de ligne ferroviaire et de desserte routière rapide, précise Hervé Maillard, directeur du SITURV, syndicat mixte moteur du projet. L'occasion aussi d'instiller le très haut débit avec la pose de la fibre optique le long du tracé. L'ensemble de la ligne 2 mobilise un investissement de 155 ME, qui comprend 12km supplémentaires vers la Belgique à partir de 2013-14. L'enveloppe se répartit entre : l'Etat 25 ME, la Région 54 ME, le Département 10 ME, la Communauté d'agglo du Valenciennois et le SITURV 36 ME, auxquels s'ajoutent 4,5 ME de fonds européens et la réaffectation de crédits Etat-Région.

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