Richard Borgi - Un médecin entrepreneur au chevet de l'innovation régionale

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«J'adore la découverte, et si vous ajoutez la réussite économique, alors là, c'est le bonheur ultime! » L'enthousiasme de Richard Borgi à évoquer ses missions à la tête de la SATT rappelle celui d'un enfant à la veille de Noël. Nommé il y a un an,il se donne une mission : créer de la valeur, et fédérer l’ensemble des actions et volontés jusque là dispersées. Son expérience, très atypique, de médecin et d'entrepreneur semble le prémunir de toute technocratie. Le bac en poche à 15 ans, il obtient une dérogation pour suivre Sciences Pô et médecine... en même temps ! Externe à 23 ans, chirurgien orthopédiste à 25, Richard Borgi hésite alors entre diplomatie et médecine. Son cœur penche pour le quai d’Orsay, mais quand le doyen de la fac lui demande de rendre sa blouse, le déclic s’opère : « Je n’ai pas pu, j’ai su que je serai médecin ». Très vite, il invente un système d’immobilisation du crâne particulièrement innovant et dépose un premier brevet, développé par l’industriel allemand Brainlab. Nouvelle rupture à 40 ans, le jour où il ne peut revenir à temps voir un patient : « La peur de risquer sa vie était telle, j’ai compris qu’il fallait choisir entre la chirurgie et l’industrie ». Il entre alors chez Arplay, spécialiste de produits de contention, comme directeur des programmes de recherche. Trois ans plus tard, devenu P-DG, il rachète la société. Entre temps, il suit des cours du soir à l’IFG, puis entre à l’Insead, en formation continue. En quelques années, il constitue un groupe de 200 salariés : SML, des initiales de ses enfants: Simon, Myriam et Léa. La canicule de 2003 ampute son business de location de matériel pour personnes âgées d’une bonne partie de ses clients. L’entrepreneur refuse le dépôt de bilan, auquel ses partenaires le poussent. Il obtient des délais de ses fournisseurs, de ses clients, remonte la barre et revend. Il s’installe comme consultant et conseille les américains d’Accuray. Il créée la filiale française du groupe qui invente alors le Cyberknife, un robot qui révolutionne le traitement du cancer du sein. Il accompagne ensuite des capitaux risqueurs : Midi Capital, Viveris Management, Amundi, en stratégie et retournement. « Avec celles de certains patients, ce sont là les plus belles histoires de ma carrière. Remettre une société sur pied, c’est fantastique », dit-il. Il redresse Gloster, Medtech, Coldway, toutes des spin-off du CNRS. Et finit par être sollicité pour diriger la SATT nordiste. « J’ai un pied dans la recherche médicale, l’autre dans l’industrie, cette mission très excitante intellectuellement réconcilie mes deux passions ».

 

 

Auto-financement dans 10 ans

Le quinqua qualifie sa mission d' « évangélisation ». Ce multi- talents veut faire changer les chercheurs de religion, les amener au transfert technologique en leur montrant le chemin.Le bras armé de l'Etat ne donne d'ailleurs pas de subvention, il met à disposition du personnel en CDD de mission et achète du matériel pour les porteurs de projets. Autrement dit, Richard Borgi n'a pas la culture du chèque aveugle. « Il faut arrêter l'hémorragie des idées en France, sans forcément distribuer de l'argent public sans savoir ce qu'il devient », poursuit celui qui a une vingtaine de brevets à son actif. Il n’a pas peur de trancher et préfère doter moins de projets, mais mieux. « En France, nous avons divorcé avec la sélection, on n'ose pas dire non à des chercheurs », ajoute-t-il. Entrepreneur dans l'âme, le directeur de la SATT entend générer du retour sur investissement et de l'auto-financement d'ici dix ans, pour fonctionner comme un fonds. Bref, s'assurer que la cellule soit saine

Marie Raimbault 

 

 

La SATT, quezako ?

 

 

Créée en juillet 2012 dans le cadre du Programme des Investissements d'Avenir, la Société d'Accélération du Transfert de Technologies Nord a pour vocation de générer davantage de création de valeur à partir de projets de recherche publique et de faciliter l'émergence d'entreprises innovantes. Son arrivée dans un univers jusque là morcelé doit optimiser les résultats. Véritable pont entre chercheurs et entreprises, elle veut encourager la traduction des inventions en applications industrielles et, réciproquement, pousser les chercheurs à répondre aux besoins du monde économique.

Elle a trois objectifs : détecter des inventions, stimuler les dépôts de brevets et de licences, et valoriser ces innovations via de la commercialisation au sein d'entreprises existantes ou de la création de start-up.

 

Des actionnaires 100% publics

 

Le capital d’1 M€ de la SAS est réparti entre :

  • -  le PRES ULNF regroupant les universités de Lille  (Lille1, Lille2 et Lille3), Valenciennes, Artois, Littoral-Côte d’Opale (42%),

  • -  l’Université Champagne-Ardenne-URCA (8%),

  • -  l’Université de Picardie – UPJV (8%),

  • -  le CNRS (8%),

  • -  La Caisse des Dépôts et Consignations (33%). 

     

    CHIFFRES CLÉS

    Dotation : 63 M€ sur 10 ans. Périmètre : Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne
    et Picardie, avec 3 sous-directions à Lille, Reims et Amiens.

    29 collaborateurs
    645 visites réalisées en laboratoires depuis 2013
    145 projets détectés
    43 en cours en pré-maturation
    20 validés et financés à hauteur
    de 2,4 M€ au total
    8 brevets prioritaires déposés
    1 licence en cours de négociation 3 entreprises créées

  • Un potentiel scientifique riche

     8 universités publiques, 1 université privée, 10 grandes écoles,

     2 CHU,

    L’Institut Pasteur de Lille,
     6 établissements nationaux de recherche (CNRS, INSERM, INRIA, IFSTTAR, IFREMER, INERIS),

     190 laboratoires, plus de 450 équipes de recherche,

    Près de 10 000 personnels de recherche,
    470 millions € de budget de R&D, - 220 familles de brevet à la création de la SATT. 

     

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