Prospective : Quel Nord-Pas-de-Calais en 2020 ?

[caption id="attachment_8192" align="alignleft" width="400" caption="Beaucoup de grandes signatures régionales dont Marc Roquette (groupe éponyme), Frédéric Motte (Ceser) ou Jean-Marc Puissesseau (CCI Cote d'Opale) sont venues plancher devant plus de 400 personnes le 24 mai dernier."][/caption]

Que sera le Nord-Pas-de-Calais dans dix ans ? A l'heure où chaque jour apporte son lot d'incertitudes supplémentaire, bien malin qui peut répondre. Les enjeux environnementaux, sociaux, démographiques, technologiques, politiques, financiers, sont d'une ampleur inédite. « On vit une crise sociale et financière mais ce n'est pas le sujet. Nos territoires sont d'abord en métamorphose » selon Jean-Paul Delevoye, président du CESE et ancien élu de Bapaume. Un constat qui positionne bien notre région, habituée de la conversion, et donc plus apte que d'autres à la mutation. Les filières d'avenir sont bien posées, qui préparent la reconquête économique via des pôles de compétitivité et d'excellence dans l'ensemble efficaces. Et l'on connaît bien les atouts de la région, entre convivialité, position logistique exceptionnelle, densité démographique, sens du dialogue et capacité à travailler ensemble au-delà des obédiences.?

 

Oui mais... Tout n'est pas rose au pays des Ch'tis. « On a besoin de travailler à  une plus grande densification en matière de recherche, notamment publique, souligne Etienne Vervaecke, patron d'Eurasanté. Nous restons en déficit : pour 6% de la population nationale, nous ne représentons que 2% des effectifs nationaux... » Le développement durable, présenté comme une force de la région ? « Notre indicateur santé social est le 22e sur 22 régions, nous exploitons huit fois plus que ce que la biocapacité de la région peut produire, en terme d'empreinte écologique », insiste Benoît Bourel, directeur de l'institut du développement durable et responsable à la Catho. L'industrie, surreprésentée chez nous, souffre d'un grave déficit d'attractivité, rappelle Patrice Pennel, président du Groupement des fédérations industrielles de la région. « Et nous sommes insuffisamment présents sur des marchés porteurs », rappelle-t-il. L'attractivité est aussi au cœur de la réflexion de Jean-Pierre Guillon, président régional du Medef. Or l'époque bouge les lignes, avec un grand stade ou un Louvre-Lens, par exemple. « Le positionnement sur un marché international nous oblige à être attractifs ! » Une exigence d'autant plus vive que « nous venons de quitter une société d'abondance pour une société de la rareté », martèle Jean-Paul Delevoye. Une rareté tant de la ressource foncière que financière, voire de l'emploi au risque de voir beaucoup de gens durablement sur la touche. « Tout le monde ne pourra pas monter dans le wagon », s'inquiète Jean-Paul Delevoye, qui voit dans le modèle régional de capitalisme familial le germe d'un renouveau. « Cette région qui jouait petit, elle doit jouer monde ». Et vite.

O.D.