Philippe Vallette : « J’aime commencer la journée en mettant un masque »

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D’où vous vient votre passion des océans ?

Elle est née sur les plages de Grèce où j’habitais, à 6-7 ans. Mon père construisait des barrages pour l’irrigation, en coopération, en Grèce puis au Maroc. J’ai mis un masque et des palmes, et j’ai découvert tout ça… Et puis j’étais fasciné par le commandant Cousteau et j’ai voulu faire comme lui. Gamin, j’ai eu beaucoup d’aquariums, et plus tard je me suis orienté très naturellement vers la mer, avec des études océanographiques à Paris VI.

 

Quel souvenir gardez-vous de votre première plongée ?

C’était au large de Ceuta au Maroc, j’avais 18 ans. J’ai plongé dans une madrague à thons, un filet en entonnoir qui dirige les thons dans une nasse, un piège. Ce n’était pas prudent, mais c’était une expérience unique, qui a complètement conforté ma voie. Je me suis spécialisé en pêche. Et c’est comme ça que je suis arrivé à Boulogne, pour étudier à l’Institut des pêches, aujourd’hui Ifremer.

 

Quels sont vos plaisirs terrestres ?

Je passe mes moments libres auprès de ma femme. J’essaie de voir mes enfants. Et je suis ce qu’on appelle un bon vivant, j’aime la bonne chère et le bon vin, et la musique classique. Je suis aussi très fidèle en amitié. Quel que soit le pays où je vais, j’ai toujours un ami chez qui me rendre.

 

Y a-t-il un endroit du monde où vous vous sentez mieux qu’ailleurs ?

Tout est magnifique et intéressant, mais j’ai un très fort tropisme pour la Méditerranée, sans doute lié à l’enfance. Je me sens profondément méditerranéen.

 

Un paysage marquant ?

C’est un paysage sous-marin, avec deux images très fortes : les superbes reliefs de Corse et des paysages de coraux comme en mer Rouge ou sur la grande barrière de corail en Nouvelle-Calédonie. Et je ferais un clin d’œil spécial aux superbes requins des Bahamas.

 

Quel lecteur êtes-vous ?

Je suis très éclectique, et plutôt romans : Paul Auster, William Boyd, Sepulveda… J’ai un iPad qui me permet de bouquiner sans me charger. C’est un outil fabuleux qui rend complètement adict !

 

Pourriez-vous vous exiler sur une île ?

Je ne crois pas non, j’aime trop aller au théâtre, à l’opéra… Ma femme travaille à Paris, et j’y apprécie beaucoup la vie culturelle. Ou il faudrait que j’y sois seul, et alors j’irais chaque matin dans la mer voir mes amis les poissons avant d’aller travailler. C’est ce que je fais chaque fois que c’est possible, commencer la journée en mettant un masque. C’est important de pouvoir faire un zoom arrière en considérant la place de la vie sur Terre, au-delà de ce qu’on peut construire, nous les humains.

 

Etes-vous pessimiste sur l’état de la planète ?

Je suis pessimiste sur la société que l’on connaît, mais optimiste sur la nouvelle, qu’on doit créer. On est comme il y a 200 ans à l’aube des révolutions industrielles. On a monté une marche grâce au progrès mais on vit sur cette marche depuis, et on arrive aux limites. Il faut inventer les avancées techniques qui vont permettre de réinventer le monde. Et une très grande partie des solutions viendront des océans. Si vous trouvez par exemple les moyens d’absorber le CO2 qui est déjà dans l’atmosphère, vous êtes le roi du pétrole – sans mauvais jeu de mot ! Je suis très confiant dans la capacité de l’homme à innover. Mais il faut innover massivement.

 

En a-t-on les moyens ?

On est dos au mur ! On me traite parfois d’utopiste, mais ce sont ceux qui pensent qu’on va pouvoir continuer le monde qu’on vit qui sont utopistes ! Quant à la décroissance, elle ne fait que retarder le moment où on va rentrer dans le mur. La solution viendra d’un bond technologique. Et puis les gens ont besoin d’entendre du positif. Depuis bientôt 20 ans on est dans le constat et chaque année c’est pire. On ne peut pas seulement s’empêcher de vivre !

Recueillis par Sophie Pecquet

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