Philippe Dessertine fait le choix de l'optimisme du long terme économique
Amphithéatre au complet hier soir pour écouter l'économiste Philippe Dessertine au Palais des Beaux arts de Lille. Dans le cadre de sa « journée des patrimoines », le Crédit du Nord recevait l'auteur de « En tout espoir de cause » sur le thème « Fin d'un monde ? Les nouveaux défis économiques ». En présence de deux figures du patronat régional, Karine Charbonnier, dirigeante de Beck-Crespel, qui a interpelé François Hollande lors de sa dernière émission sur TF1, et Marc Roquette, ancien président du groupe éponyme. Le débat aurait pu s'appeler : "la schizophrénie d'un court terme alarmant et d'un avenir plein d'espoir".
Philippe Dessertine admet en effet des perspectives de court terme extrêmement anxiogènes : au-delà des statistiques, l'économie mondiale souffre selon lui de l'injection massive de liquidités par les banques centrales. Un modèle sous morphine qui masque la maladie profonde (la dette occidentale), qui fausse les marchés, et qui devient intenable. Tout comme notre Etat providence hérité d'un monde du passé. « Il faut dire à quel point notre modèle social français ne tient plus. En 1946, quand on crée nos systèmes de retraite, on y reste 18 mois en moyenne et il y a un retraité pour six actifs. En 2014, on reste à la retraite plus de 25 ans, la vie au travail est devenue minoritaire dans la vie, et nous avons deux générations à la retraite pour une au travail. Ca ne tient pas », dit Philippe Dessertine qui en appelle à une augmentation rapide et « très substantielle » de l'âge de la retraite, évoquant 68-70 ans comme horizon logique.
Philippe Dessertine au côté de Philippe Merviel, directeur régional du Crédit du Nord
Investissement en berne, thésaurisation à la hausse, y compris en Allemagne, perspective de hausse des taux d'intérêt d'ici six mois, marges les plus faibles de notre histoire et du monde occidental, mais aussi climat géopolitique délétère: les nuages s'amoncellent. « 2007-2017, comme 1929-1939, on est dans une décennie dangereuse » , admet l'économiste qui répond difficilement à la question de Marc Roquette sur la manière de surmonter la phase de transition nécessaire, et le risque de choc socio-économique qui l'accompagne.
Mais pessimiste sur le court terme, il retrouve le sourire à un horizon plus lointain, avec des tendances de fond prometteuses : « On est à la fin d'un monde et ça s'accélère. Les rois du monde sont aujourd'hui les technologies et les entreprises technologiques », de Google au chinois Ali Baba. Pour lui, le potentiel de la science devient inouï pour féconder l'économie et éviter la « stagnation séculaire » qu'évoquent de plus en plus d'économistes dans le monde. « Je n'y crois pas du tout », répond Philippe Dessertine, qui observe que l'humanité devra de toute façon sortir d'un modèle impossible : « on consomme aujourd'hui sur terre 159 000 litres de pétrole à la seconde, 136 000 litres d'eau, 21500 kilos de blé, ce sont des chiffres intenables ». Parmi les grandes ruptures indispensables figure la fin des « hyperdéplacements quotidiens » autour de toutes nos métropoles.
Pour revenir dans la course, retrouver un modèle vertueux et rayonner comme à travers les Citroën, Peugeot ou Panhard au début du XXe siècle , « la France doit redevenir la société du risque », aux antipodes du principe de précaution inscrit dans notre constitution. Philippe Dessertine voit quatre secteurs majeurs comme piliers du rebond de nos économies : l'agriculture, au carrefour de tous les enjeux scientifiques et d'alimentation de la planète, la biotechnologie et la génétique (secteur que Google a d'ailleurs décidé de truster), la révolution énergétique, et la mutation du numérique vers le big data, l'impression 3D ou encore les fablabs.
OD
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