Patrick Sapy : Chantre du micro-crédit au pays de Tintin

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Depuis deux ans, Patrick Sapy fait partie des 400 Nordistes qui empruntent chaque jour le TGV entre Lille et Bruxelles. Il y développe des micro-crédits dans les quartiers défavorisés, à travers la société coopérative Microstart. Un métier qu'il connaît bien et depuis longtemps. L'histoire commence en 1993, quand il préfère l'objection de conscience au service militaire. C'est l'ADIE, qui venait à peine de naître, qu'il rejoint alors. « On était 5 », se souvient ce Stéphanois, toujours inconditionnel des Verts de l'ASSE. Diplômé de Sciences Po Grenoble, complété par un DEA sur l'économie du développement puis un DESS Banque et Finances à Strasbourg, il va passer deux ans à l'Adie avant de faire ses armes dans la banque. Quelques années plus tard, en 2000, il rejoint à nouveau l'Adie, comme directeur régional Ile de France. « J'ai divisé mon salaire par deux », sourit-il, assumant ce choix militant. Un passage dans le réseau Entreprendre, comme délégué national du programme « Entreprendre Autrement », lui offre un autre expérience. « J'ai vraiment appris à travailler avec des chefs d'entreprise, et j'ai pris le virus! » Aussi quand ses amis de l'Adie lui disent souhaiter développer le modèle dans d'autres pays, il « saute à pieds joints ». Ce sera la Belgique. Avec un gros atout : Patrick Sapy est néerlandophone par sa mère. Problème : le micro-crédit n'existe pas du tout outre-Quiévrain. Tout est à construire. Il ne part pas seul : Fortis, le Fonds européen d'investissement et l'Adie (1% du capital) sont derrière. Mais c'est lui qui est à la manœuvre. Et les débuts sont pour le moins difficiles. Il ouvre sa première agence début 2011 dans le quartier de la gare Midi dans un ancien restaurant grec. « Je me suis planté sur plein de trucs, j'ai voulu transposer le cadre français, de manière trop conquérante. Pendant un an, la courbe a été hyper plate», reconnaît-il. Il a fallu surmonter les contraintes très lourdes de la création d'entreprise en Belgique, et aller chercher les clients presque en porte à porte, sur les marchés, dans les boutiques, les communautés.

Bouche à oreille

La situation a bien changé depuis. Une deuxième agence a ouvert près de la gare du Nord, et le bouche à oreille fonctionne à plein. 300 micro-prêts (5000 € sur 20 mois en moyenne) ont été accordés, à une population de migrants pour l'essentiel. Pour favoriser la bonne marche des projets soutenus, Patrick Sapy a lancé sa propre association, Microstart Support, inspirée du réseau Entreprendre : 50 bénévoles accompagnent les créateurs pour leur éviter au maximum les écueils. Résultat : un taux de remboursement de 96%. Et une notoriété en flèche, les médias belges s'intéressant à cette structure qui règle à sa manière, économique, la question de l'intégration. Si Microstart a mangé ses fonds propres, une augmentation de capital de 2 M€ est programmée à la fin de l'année, avec l'ambition d'ouvrir deux nouvelles agences en 2013 et autant l'année suivante, en Flandres et en Wallonie. Patrick Sapy a organisé sa vie autour de ses voyages pendulaires. Adepte du vélo pliant, qui lui économise un temps précieux, il a aussi fait installer au-dessus de l'agence un clic-clac pour dormir parfois au bureau quand il doit rester après le dernier TGV de 20 h. Le mardi, il reste à Lille pour travailler à domicile tout en s'occupant de ses deux enfants. Le week-end, il s'adonne à ses loisirs préférés, le vélo, mais aussi le piano et le chant choral. « C'est un mode de vie familial qui me va », dit-il. Mais, à 43 ans, pour offrir à ses enfants un environnement multiculturel, il envisage désormais une installation complète en Belgique. Une perspective de moyen terme, son épouse Axelle, ex DRH de l'Adie, étant engagée dans des actions durables au sein du Réseau Alliances.

OD

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