Nos associations régionales en mal de financement

Les temps sont durs. Notamment pour les associations, tant leur modèle est remis en cause. « Nombre d'entre elles ont longtemps vécu avec le culte de la subvention », explique Laurent Desmyter, associé régional In Extenso, en charge des associations et des collectivités. La réaction en chaîne a démarré il y a quelques années avec le désengagement de l'Etat d'un certain nombre de champs, comme le social. Avec un transfert de compétences aux départements - RSA, fonds de solidarité logement, sans les moyens nécessaires. Aujourd'hui, les effets sont là. « En 2014, tous les centres sociaux verront leur subvention diminuer de 20% : soit ils coupent dans leur frais et donc dans leurs services, soit ils développent des services pour dégager des ressources et vont chercher des fonds ailleurs », ajoute l'expert. Non seulement le gâteau rétrécit, mais il doit être partagé par de plus en plus d'acteurs. « Les effets de la crise sont de plus en plus criants, le nombre de travailleurs pauvres explose et les besoins des associations qui s'y intéressent aussi. Et ceci n'est qu'un exemple », ajoute Michel Macorps, directeur régional du Crédit coopératif. Qui témoigne être de plus en plus sollicité pour des difficultés de trésorerie. Pour y répondre, Nord Actif a créé en 2009 une solution dédiée : un audit sur les 5 dernières années, une avance de trésorerie à taux zéro jusqu’à 100 K€, remboursable sur 6 mois et un accompagnement d’un cabinet d’expert comptable à la gestion. Financé par le conseil régional, les conseils généraux et l’Etat, le dispositif a appuyé une centaine d’associations (pour 180 demandes). « Le nombre d’appels entrants est stable, mais les difficultés des associations qui nous contactent sont plutôt plus graves en ce moment », explique Lucie Remoué chez Nord Actif.

Nouveau marché pour les experts comptables

Finie l'époque où les assos s'acquittaient d'un simple bilan annuel. Elles montent en compétences pour livrer de plus en plus des bilans analytiques, où chaque dépense est affectée à une action. Et ce, pour répondre aux exigences croissantes de leurs financeurs. In Extenso a doublé en quelques années son portefeuille de clients associations en gestion. Celles-ci doivent opérer une vraie révolution culturelle : passer d'un financement de fonctionnement à un financement de projet et acquérir des compétences de gestionnaires. Bref, se professionnaliser. Le centre social Flers Sart à Villeneuve d’Ascq qui gère notamment une crèche et un centre de loisirs, multiplie les actions pour compenser la baisse de ses revenus. « Nous répondons à des appels à projets, type Fondation de France, en adéquation avec le projet du centre, pour générer des ressources. Nous avons bénéficié de l'accompagnement de Nord Actif. Et dans le contexte actuel, nous gérons au plus serré », témoigne Ingrid Dubeau, directrice du centre. Avec une crainte, que les prestations ne se réduisent et que les tarifs augmentent encore pour les familles.

Repères

120 000 associations employeurs dans la région

Parmi lesquels 10 200 dans l'ESS

9,5% de l'emploi régional

Marie Raimbault