Nicolas Méric rêve de faire voler une licorne à Calais
Calais. Son beffroi, ses ferries, ses migrants et... sa start up ultra-innovante. C'est là que Nicolas Méric a choisi d'installer en 2014 sa société, DreamQuark, considérée aujourd'hui comme l'un des plus beaux espoirs français en matière d'Intelligence Artificielle. La preuve : il a levé, en novembre, 3 M auprès du fonds Cap Horn Invest et de l'accélérateur américain Plug and Play afin de soutenir sa croissance. Ce qui lui a, en partie, valu le titre de « Fintech de l'année 2017 » par le pôle de compétitivité Finance Innovation.
8 M en 2018
De quoi apporter de l'eau au moulin de Nicolas Méric, intimement persuadé que, comme la chenille se transforme en papillon, sa jeune pousse se muera en licorne (ces fameuses entreprises qui atteignent 1Md en valorisation). Ses partenaires partagent son enthousiasme. "Parce qu'elle maîtrise ses propres briques technologiques, DreamQuark dispose d'un gros avantage compétitif sur un marché porteur. Son potentiel est énorme", s'enflamme Guillaume Dupont, associé de CapHorn Invest. Certes, l'entreprise est encore loin du compte. Mais elle affiche déjà une perspective de 8 M de chiffre d'affaires en 2018. Et rien ne semble pouvoir empêcher l'ancien brillant élève du lycée Lamarck de Lille de suivre sa route, même s'il sait qu'il croisera des géants mondiaux. A commencer par IBM, dont le système Watson s'impose jusque dans les cabinets d'avocats américains. «Il est crucial que les européens gardent la maîtrise de ces technologies en passe de se généraliser à tous les secteurs », insiste ce docteur en physique des particules, qui a réalisé en 2013 sa thèse dans les laboratoires du CERN de Genève.
Algorithmes prédictifs
La science rattrape la fiction. Comme dans le film Minority Report, où les crimes sont détectés avant d'avoir été commis, les algorithmes peuvent prédire nos comportements. C'est l'objectif de la plateforme Brain, développée par DreamQuark pour les acteurs de la banque, de la gestion d'actifs, ou de l'assurance. Le croisement des données dégage une segmentation fine des profils clients potentiellement intéressés par un produit financier, identifie les personnes prêtes à résilier leur contrat voire lutte contre le blanchiment d'argent ou la fraude. "Attention, il s'agit d'un outil d'aide à la décision. L'humain garde la main", nuance Nicolas Méric, conscient de la méfiance voire de l'aversion d'une partie de l'opinion envers ces technologies "désincarnées". Pour cet amateur de science fiction, admirateur d'Asimov, on est pourtant à des années lumières du cauchemar suscité par le cerveau Hal 9000 de "2001, l'Odyssée de l'Espace". Selon le scientifique, la législation européenne est suffisamment protectrice, même sil convient de "rester vigilant".
Talents internationaux
En bon start upper, le Calaisien plaide pour un monde ouvert. Il se dit d'ailleurs fier que son entreprise attire des talents du monde entier, ingénieurs informaticiens venus du Brésil, de Russie, du Royaume-Uni et même c'est exceptionnel des Etats-Unis. Nicolas Méric compte également mettre le pouvoir de ses algorithmes au service de la santé. "C'était d'ailleurs notre objectif initial, mais nous n'avions pas les financements nécessaires. en approchant des acteurs de la bancassurance, nous avons pu intégrer l'incubateur dAxa Global Direct, puis les accélérateurs de Deloitte, puis dAllianz", explique-t-il. Déterminé, et même "entêté", selon son propre mot, Nicolas Méric n'y a pas renoncé. Avec plusieurs associés, il a lancé une seconde société spécialisée dans les diagnostics en ophtalmologie et plus particulièrement sur les maladies de la rétine. Une nouvelle aventure en vue.
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