Nicolas Baverez à la Cité des Echanges: Attention, urgence !

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Le Crédit Agricole Nord de France a invité jeudi soir à la Cité des Echanges de Marcq en Baroeul, en marge de son assemblée générale, l'essayiste et économiste Nicolas Baverez, une voix de plus en plus écoutée, même s'il tire la sonnette d'alarme sur notre pays depuis plusieurs années déjà.

Devant un parterre de près de 400 personnes, Nicolas Baverez planchait sur le thème "changer de politique ? " aux forts effluves d'actualité. 

Il tient d'abord la mondialisation comme une nouvelle donne, "ni heureuse ni malheureuse, c'est un fait historique", marquée par quatre mouvements. Deux sont intégrateurs, le capitalisme universel, et les nouvelles technologies et les transports, deux ont des effets de fragmentation : la nouvelle multipolarité du globe  ainsi que les valeurs et les règles qui diffèrent aussi beaucoup sur la planète. "On est bien à un moment critique, décisif, où l'histoire bascule. Le grec Krisis fait référence à ce stade décisif de la maladie où l'on va soit vers la guérison soit vers la disparition"

La fin du clivage Nord-Sud

Nicolas Baverez souligne que la grande tendance du sud trompant et du nord déclinant n'est plus une vérité  révélée. Les USA ont abaissé leur coût du travail de 10%, divisé son coût de l'énergie par 3, affichent une croissance de 3%, se réindustrialisent et relocalisent. Si la Chine engage un "programme de réforme sans précédent depuis Deng", les autres pays du sud montrent de graves signes de dégradation : Inde, Turquie, Brésil, Indonésie souffrent de la corruption, de déficits coutants, de compétitivité, de dette extérieure, de déficits courants.."Le clivage n'est plus Nord-Sud mais entre ceux qui sont capables de se réformer et de se réinventer et ceux qui n'y arrivent pas"

Ce même clivage est au coeur de l'Europe, elle-même à un moment clé de son histoire, insiste Nicolas Baverez qui souligne qu'elle sort de la récession (1,2% de croissance) et qu'elle a réussi des changements considérables. "L'ajustement a coûté très cher mais a fonctionné", dit-il en évoquant le rebond de l'Irlande, de l'Allemagne, les signes favorables en Espagne ou en italie. 

A quelques semaines d'élections menacées par tous les populismes dans de nombreux pays, la situation n'est pas stabilisée reconnaît-il : risque de déflation, dette très lourde, dépendance énergétique vis à vis de la Russie, insuffisance des réformes structurelles,...

 

La France est le principal risque de la zone euro

 

Et la France ? "A force de rater les réformes, on risque sinon la révolution mais des mouvements politiques extrêmement préoccupants. La France est le principal risque de la zone euro".  Notre pays a "une difficulté historique à acclimater le changement", refusant la mondialisation, le grande Europe, et n'a plus les solutions de facilité habituelles de l'inflation et de la dévaluation. Et "le dernier exercice en excédent budgétaire est 1973…" déplore l'économiste.. Si nous ne changeons pas, nous passerons du déclin relatif au déclin absolu". Le taux d'intérêt de notre dette reste très bas ? Oui, mais c'est dû au "quantitative easing" américain et japonais (les Abenomics). Et la France est "too big to fail". Mais, prévient-il, "si l'Italie réussit, le spread des taux d'intérêt avec la France devra être regardé attentivement". Il relève encore le rejet de l'impôt par les citoyens ou le nouveau dérapage de la dette. "Ce n'est pas despéré. L'Allemagne, il y a dix ans, était présentée comme le malade de l'Europe, la France dispose d'un capital disponible de retournement gigantesque".

 

"La priorité : réarmer la production"

Dans ce contexte, que faire ? Réformer en utilisant nos atouts, une main d'oeuvre très qualifiée, une épargne très importante, des infrastructures. "La priorité, c'est de réarmer la production. Le taux de marge historiquement bas à 27% doit être relevé d'un point par an. La seule mesure efficace est la réduction des charges pour tous". L'occasion pour Baverez de tacler sévèrement le CICE (crédit impôt compétitivité emploi) qui a permis à la Poste d'économiser 300 M€ "contre 100 M€ seulement à PSA qui joue sa survie". "C'est une très mauvaise mesure qui renvoie l'argent sur le secteur protégé". 

 

Nicolas Baverez met les pieds dans le plat social, en appelant à un choc de compétitivité par la sortie des 35 heures et la libéralisation du marché du travail. "Tout vaut mieux que le chômage". 

Alors que Michel Sapin demande un nouveau délai à Bruxelles pour honorer les engagements de la France, il s'y oppose vivement : "tout délai supplémentaire accordé par Bruxelles au gouvernement français ne servira qu'à financer des dépenses improductives". Lui plaide pour un pacte européen avec l'Allemagne, incluant une politique monétaire expansionniste et un assainissement budgétaire sérieux mais étalé dans le temps, 

Et de conclure avec une citation de Churchill -forcément - : "Il faut saisir l'événement par la main avant qu'il ne vous attrape à la gorge".  OD

Nicolas Baverez, économiste de tendance libérale, est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont  ses dernières Lettres béninoises (Albin Michel), clin d'oeil aux lettres persanes de Montesquieu. 

 

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