MSC rallie les conteneurs à Dunkerque

MSC inscrit le port de Dunkerque dans la rotation de l'un de ses services réguliers desservant la mer Baltique depuis son port de base d'Anvers. Deux navires dits "feeders" (1) de 1.300 équivalents vingt pieds (EVP) de capacité touchent désormais alternativement Dunkerque en milieu de semaine, en sortie d'Anvers. Cette escale s'ajoute à celle, déjà régulière en fin de semaine, du feeder MSC Patricia.

Le grand port de l'Escaut abrite le MSC Home Terminal au bassin Delwaide. Sur ces quais, MSC organise le croisement de tous ses services desservant l'Europe du Nord, de toutes origines et pour toutes destinations. A un jour de mer au sortir du MSC Home Terminal, la compagnie Helvetico-italienne offre donc toutes les origines possibles à l'importation, l'Asie notamment, aux clients nordistes de son agence MSC Dunkerque. Ces deux navires rechargent illico à Dunkerque à destination de la Baltique. Ils desservent le port letton de Riga, à quatre jours de mer, et le port suédois de Norrköping, à six jours.

Cette nouveauté vise donc deux marchés. D'une part l'importation, avec la grande distribution de la Métropole en ligne de mire. "L'avantage logistique est certain, avec un coût de traction de l'ordre de 250 € de la région lilloise à Dunkerque, au lieu de 400 € pour Anvers. Les frais d'escales ne sont pas pénalisants. Nous faisons en sorte de proposer à nos clients une solution intéressante de bout en bout", détaille Delphine Fournier, directrice de l'agence MSC Dunkerque. D'autre part, cette escale offre aux exportateurs nordistes une nouvelle solution à l'exportation vers les Pays Baltes, la Russie via Riga, et la Suède, en alternative à la route. Dunkerque proposait déjà une route maritime directe vers Saint-Petersbourg, avec la compagnie Delta shipping, qui remporte un vif succès.

Une action opiniâtre

Cette décision peut surprendre. MSC a choisi Anvers d'abord, Le Havre ensuite, pour accueillir les escales de ses grands navires. Des mastodontes de plus de 300 mètres de long et plus de 8.000 EVP de capacité qui ne s'arrêtent pas volontiers pour moins de 1.000 boîtes à manutentionner à l'escale. Alors pourquoi toucher Dunkerque deux fois par semaine, même avec le risque réduit de services feeders ?

"MSC joue la carte des main ports (les ports principaux où escalent les navires mères). Mais nous n'ignorons pas les out ports (les seconds ports servis par feeders) comme Dunkerque, Brest, Nantes ou Bordeaux. Nous apportons une solution supplémentaire à une clientèle locale qui souhaite soutenir son port", explique Delphine Fournier.

La décision n'est pas tombée toute seule. Il a fallu prouver la validité de cette stratégie, face à la concurrence frontale des meilleurs ports européens. MSC connaissait Dunkerque de longue date, pour lui avoir offert longtemps l'Océan Indien en direct. En mai 2007, débute l'escale de fin de semaine, dirigée plutôt vers l'exportation, là aussi avec transbordement à Anvers. C'est aujourd'hui une escale respectable. Au point que à "l'encontre de la mode de la centralisation, MSC a choisi la proximité en installant une agence en propre à Dunkerque", salue Delphine Fournier. En moins de quatre ans, de sept personnes, l'équipe est passée à treize. Sa directrice espère bien faire encore mieux, grâce à ses deux escales régulières et garanties. En s'appuyant notamment sur une clientèle d'intermédiaires transitaires fidélisée, qui comptent sur son agent régional.

(1) Feeder : un navire de taille moyenne qui nourrit les énormes "navires mères" en escale aux ports principaux depuis les ports des marchés régionaux.