Maetex recoud l’histoire de Cenlinoi-Lutex

A peine quatre mois que le cliquetis des machines a? coudre re?sonne de nouveau dans l’atelier de la rue Roosevelt de Tourcoing. Une dizaine de petites mains s’affairent a? la confection de rideaux et autres stores-bateau sur mesure. Cette activite? haut de gamme made in France a bien failli s’arre?ter en janvier dernier. Sur le fil du rasoir, Vincent Duprez, le dirigeant de Cenlinoi-Lutex de?pose le bilan en juillet 2012 et se voit dans l’obligation de licencier vingt personnes sur cinquante. Mais il est trop tard pour remonter la pente. La liquidation est prononce?e en janvier. Parmi ses clients, il compte Centraco (20 salarie?s, 4,2 M€ de CA), l’entreprise dirige?e depuis trente ans par Etienne Mourmand (photo), spe?cialiste du textile pour les collectivite?s, l’ho?tellerie et la sante?. Également tre?sorier de la CCI Grand Lille et pre?sident de l’agence territoriale lilloise, ce dernier connai?t le potentiel et le sa- voir-faire de la Pme. De?but mars, il rache?te aux enche?res le mate?riel de pointe de Cenlinoi-Lutex et constitue quelques jours apre?s une nouvelle socie?te? : Maetex. Il rappelle d’ex-salarie?s, convainc les anciens clients et relance trois jours plus tard la production. Et garde surtout a? ses co?te?s Vincent Duprez, « sans qui il ne serait peut-e?tre pas lance? » dans cette nouvelle aventure. Apre?s de longs mois difficiles, l’ancien ge?rant devenu salarie? chapeaute toujours l’atelier et veille au bon de?roulement des ope?rations. Les investissements en e?quipement dernie?re ge?ne?ration qu’il a re?alise?s quelques an- ne?es auparavant ont permis a? l’entre- prise de renai?tre de ses cendres. Une nouvelle vie aux de?bouche?s prometteurs.

Réactivité et savoir-faire
Avec aujourd’hui un carnet de commande qui rede?colle, le nouveau patron espe?re quasiment doubler son effectif de dix a? 15-20 employe?s d’ici de?but 2014. S’il pre?fe?re taire ses perspectives commerciales, il pre?voit « une forte e?volution du CA dans les trois anne?es a? venir ». Pour Etienne Mourmand, la force de Maetex re?side dans sa capacite? a? produire du haut de gamme sur mesure avec une tre?s grande re?activite?, gra?ce au savoir-faire et a? son parc de ma- chines. « Et tout cela n’est pas de?localisable », lance le sexage?naire, fier de montrer qu’il est « encore possible de cre?er et de de?velopper de l’industrie dans une filie?re qui peut parai?tre obsole?te ». Il n’est pourtant pas question pour lui de rapatrier l’activite? de Maetex chez Centraco « afin de conserver une ambiance familiale et une qualite? de vie ». Apre?s une phase de re?e?quilibrage et de remise en place de process, il envisage de booster ses ventes en France et a? l’international. Avec un capital 100% familial, le dirigeant s’est constitue? de fil en aiguille un groupe de pre?s de 100 salarie?s re?partis entre son usine de Lille (20 personnes), l’entite? qu’il a cre?e?e en Ukraine (65 personnes) de?die?e a? la confection de grande se?rie et enfin Maetex. Le textile made in NPDC persiste et signe.

Julie Dumez