L’impression 3D régionale en remet une couche

L’impression 3D ou fabrication additive est-elle aussi disruptive que l’imprimerie de Gutenberg en son temps ? l’avenir le dira : mais le Nord- Pas-de-Calais ne veut pas passer à côté de ce marché mondial estimé à 21 Mds$ d’ici à 2020. « Nous serons la première région d’Europe pour la 3D. Nous avons raté le coche pour les nanotechnologies, pas question de rater ce champ du numérique », déclarait en 2013 Luc Doublet, président de Nord France Invest. Depuis, la techno a encore évolué et l’usage se démocratise. Les acteurs régionaux ont compris l’enjeu de ce process en passe de révolutionner tous les secteurs, de l’industrie au commerce en passant par la logistique. Le Club Impression 3D initié par la CCI Nord de France est né de ce constat. Alors qu’il vient de souffler sa première bougie, le club compte déjà plus de 336 membres, dont un tiers d’industriels, un tiers de prestataires et un tiers d’écoles, universités et pôles de compétitivité.
Objectif : « fédérer et créer un écosystème pour créer une dynamique autour de la thématique», explique Dominique Boudin, responsable service innovation et économie numérique à la CCI. Une cinquantaine de projets ont déjà été accompagnés.

Une soixantaine d’entreprises régionales

La région est par ailleurs dotée de plusieurs fablabs. On trouve ainsi ces ateliers de fabrication numérique, ouverts à tous, à Entreprise ouverte à Roubaix, à Calais, au Mutualab à Lille ou encore à la Gare numérique de Jeumont. Mais au-delà de l’initiative publique, l’émergence d’acteurs privés prend de l’am- pleur. Une soixantaine d’entreprises régionales s’est engouffrée dans ce secteur. A l’instar de Machines 3D à Valenciennes (cf Eco121 n°52) qui à travers sa société Robot 3D, a créé sa propre gamme de produits en améliorant les machines existantes et en proposant des consommables novateurs. Ou comme Dagoma, qui a fait de l’imprimante Made in NPDC accessible dans l’usage et abordable – moins de 400€ - son crédo. La tpe tourquennoise de 3 salariés a vendu 300 machines depuis son lancement en juillet 2014. « Nous voulons démocratiser l’usage de l’imprimante 3D, suivre le même chemin que l’Iphone : il était révolutionnaire, aujourd’hui tout le monde en a un », analysent Gauthier Vignon et Mathieu Regnier, dirigeants et lauréats LMI Innovation. « Le marché de l’imprimante 3D double chaque année. Les perspectives tablent sur 217 000 machines vendues en 2015 contre 108 000 l’année dernière », estime Dominique Boudin. D’ici 2018, les ventes pourraient même atteindre 2,3 millions d’imprimantes. Le business de l’impression 3D ne se li- mite pas aux machines.
A Annœullin, Daniel Marcotte a ouvert Le coin de la 3D en 2014. « Mon travail consiste à fournir des fichiers 3D aux industriels. Je modélise leurs projets en scannant et en modélisant les pièces à produire » explique ce spécialiste en métrologie.
Mais la région a surtout sa carte à jouer du côté des consommables. Aujourd’hui essentiellement en plastique, de nouveaux matériaux arrivent sur le marché et les techniques d’impression évoluent vers l’intégration de plusieurs matières. A Coudekerque-Branche, Texilis a par exemple mis au point un fil d’impression 3D à base de lin. « Les pro- cédés et logiciels d’impression sont connus. Notre valeur ajoutée viendra des matériaux », estime Olivier Varlet, DG du pôle de compétitivité Matikem (cf p.39).
Mais si le Nord-Pas-de-Calais se challenge avec Rhône-Alpes pour la première place du podium français, notons que la France ne détient que 3% du marché mondial. Contre 38 % pour les Etats-Unis...    

Julie Dumez