L'Eti du mois : Franck et Gilles Poulain, "la stabilité du capital est essentielle"
Vous représentez la 4e génération de l'entreprise. Quelle est votre recette?
Franck Poulain : Il s'agit de la recette dune famille et de quatre ge?ne?rations. Lun des premiers ingre?dients, cest le temps. La stabilite? du capital est essentielle. Gilles Poulain : Ce qui est important, ce nest pas ce quon sera demain. Le volet strate?gique doit e?tre oriente? moyen-long terme. Cest lie? a? notre ge?ne?tique dentreprise patrimoniale et a? celle de notre me?tier de base. Un carrier qui raisonne a? cinq ans est mort parce quil faut sept ans pour obtenir une autorisation dexploitation et qu'ensuite, il faut ge?rer le gisement et les riverains pour les 15-20 ans qui viennent. On travaille en permanence avec une e?che?ance temporelle de 20-25 ans, soit une ge?ne?ration.
Vous travaillez donc pour les ge?ne?rations futures...
GP : Notre travail est de faire en sorte que ce que nous ont transmis nos parents, nous le transmettrons aux ge?ne?rations suivantes. Un entrepreneur cest un passeur : il rec?oit et il transmet.
FP : Notre ro?le nest pas de faire cracher le maximum lentreprise mais de la faire durer pour ses actionnaires, pour son personnel, pour la socie?te?. Cest la volonte? et le souhait de la majorite? des entrepreneurs et quand ils sont oblige?s de licencier, ce nest jamais de gaiete? de cur.
Que faut-il faire pour quil ait plus d'ETI en France ? Y a-t-il des freins à leur développement ?
FP : On ne se sent pas encourage?. Dans le?ducation et dans lencadrement, combien de fois lentreprise est-elle e?voque?e, positivement et de fac?on pertinente par des gens qui la connaissent?
GP : Nous avons longtemps eu une filiale en Ame?rique du Nord. La diffe?rence de?tat desprit est colossale de la part des autorite?s de tutelle. La? bas, on vous dit : allez y, ge?ne?rez de la richesse ! En France, on vous dit « attention, on vient contro?ler, faut pas faire ci ou c?a!» Dun co?te?, on a un servomoteur, de lautre, un servofrein. Il y a aussi un proble?me de?tat desprit ge?ne?ral des gens par rapport au travail. Ce nest me?me plus un mal ne?cessaire en France, mais une horreur ne?cessaire.
Quelles sont vos ambitions ?
GP : Pour rester une entreprise inde?pendante et pe?renne, on ne peut pas rester a? notre taille. Mais lactivite? nest pas porteuse, donc ge?rons, consolidons nos positions en conservant une optique de de?veloppement. Il y aura peut-e?tre des ajustements. Mais pour 2013, notre budget dinvestissement n'a jamais e?te? aussi e?leve? de notre histoire.
FP : Linternational est une des clefs de lavenir puisquil y a plus dopportunite?s.
A Ferques, il vous reste une centaine dannée d'exploitation. Comment gère-t- on cela ?
GP : Cest une arrie?re pense?e que nous avons en permanence. Nous regardons comment renforcer la gamme des produits. Par exemple, nous valorisons des laitiers cristallise?s a? Dunkerque, produit renouvelable et renouvele?. Lide?e est de faire glisser une partie de la consommation alimente?e par notre gisement a? partir dautres gisements.
Préparez-vous la 5e génération à reprendre le flambeau ?
FP : Nous avons mis en place un cycle de formation pour elle. Elle vient dans lentreprise re?gulie?rement. On lui apprend ce quest une entreprise, e?tre actionnaire. Une entreprise, ce nest pas une mobylette quon ache?te, quon bricole et quon revend. Aujourd'hui, quelques ai?ne?s participent au conseil de surveillance. Sils le veulent et si leurs profils collent avec les besoins de lentreprise, certains linte?greront.
Recueilli par Julie Dumez
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